Cellules Communistes
Combattantes
Campagne Pierre Akkerman
Action contre les oléoducs de l’OTAN, 6 décembre 1985
Aujourd’hui 6 décembre 1985, les
Cellules Communistes Combattantes et un groupe de Communistes
Internationalistes en France ont mené trois actions simultanées et
complémentaires en Belgique et en France. Dans leur pays, les Cellules ont
attaqué par deux fois le réseau belge des oléoducs de l’OTAN ( Central Europe
Pipe-line System ) en dynamitant les relais de sécurité de Petegem et d’Huissignies, tandis
qu’en France un groupe de Communistes Internationalistes frappait LE CEOA ( Central Europe Operating Agency ), Quartier Général du CEPS, situé
11 avenue Général Pershing ( !!! ) à Versailles.
Pour les Cellules Communistes
Combattantes, ces actions marquent la clôture de la « Campagne Pierre Akkerman, combattre le militarisme bourgeois et le
pacifisme petit-bourgeois ». Cette troisième campagne fut
ouverte le 19 octobre dernier par deux actions contre un bureau de recrutement
militaire et le crétinisme pacifiste, relayées par nos dernières interventions
contre MOTOROLA corp. et
contre la Bank of America.
Pour les Cellules et les militants
révolutionnaires en France, l’offensive de ce jour est l’expression des progrès
de l’Internationalisme Prolétarien au sein du mouvement communiste. La « Campagne Pierre Akkerman » s’achève sur une grande victoire
pour le mouvement anti-guerre en Belgique, elle fut la continuité de la « Première Campagne
anti-impérialiste d’Octobre » ( 1984 ) et surtout elle a témoigné de
grands progrès politiques et organisationnels. Politiquement, elle a été une
critique centrale du pacifisme petit-bourgeois et elle a gagné ainsi une valeur
tactique immédiate ;
organisationnellement, elle a démontré dans la
pratique les progrès de la guérilla. L’action Internationaliste y trouve toute
sa place en ce qu’une des tares les plus odieuses du pacifisme est le
nationalisme, et que pour les centaines de milliers d’hommes et de femmes
menacés en Europe par les projets bellicistes de l’impérialisme et qui refusent
cet avenir sinistre, elle s’achève donc sur un pas certes minime dans les faits
mais porteur d’un avenir conquérant : l’Internationalisme Prolétarien.
Nous avons choisi de situer nos
actions communes au lendemain du « Sommet de Genève » où les deux leaders des
principaux systèmes impérialistes se sont entendus en toute quiétude sur
l’avenir du monde, en se présentant — et étant encensés — comme les apôtres de
la paix, alors qu’ils ne cessent de porter la guerre et la misère aux quatre coins
de la planète, comme ils se posent la question de la ramener maintenant en
Europe.
Alors que les mirifiques promesses
de l’après-guerre, et plus tard la « coexistence pacifique », nous promettaient des
lendemains radieux de progrès économiques et sociaux éternels, un univers de
paix régi par l’ONU ou autre foutaise, les peuples européens doivent
reconnaître que 45 ans après avoir mis le monde à feu et à sang, après ces
mêmes 45 années de guerre incessante contre les peuples du Tiers-monde,
l’impérialisme doit nous entraîner dans la crise économique la plus grave de
son histoire, dans les « restructurations », c’est-à-dire la
surexploitation ou le chômage, dans des restrictions et une misère sans cesse
croissantes ... avec une nouvelle
guerre comme dernière échéance !
Dans cette situation, deux tendances
se dégagent, se radicalisent.
La première est celle de la
bourgeoisie impérialiste et de ses serviteurs d’État qui s’engagent résolument
sur le chemin de la guerre, des expéditions néo-coloniales en Afrique ou aux
Amériques, dans la course au surarmement classique ou atomique, dans les « restructurations » économiques, reflets
d’une concurrence et de tensions de plus en plus âpres au sein de l’ensemble
impérialiste ( Est / Ouest,
Europe / USA, Europe / URSS ), qui dressent les
peuples et les travailleurs contre leurs frères de classe d’autres pays dans le
cadre des luttes économiques en attendant de les faire s’affronter sur les
champs de bataille !
La seconde tendance est celle du
monde du Travail. Celle de toutes les exploitées et de tous les exploités,
celle des révolutionnaires, celle des hommes et des femmes libres du monde
entier qui disent :
Assez du capitalisme, assez de l’impérialisme, assez d’exploitation de notre
travail et de nos vies, assez de misère, assez de guerre contre les peuples !
Cette tendance, la
nôtre, est aujourd’hui, ici dans les métropoles, en pleine évolution, en pleine
réflexion quant à ses luttes. Les travailleurs sont nombreux à être plongés
dans la perplexité devant cette période de bouleversements où, sans préavis, la
bourgeoisie les frappe de plein fouet, où les recettes de luttes syndicales et
réformistes révèlent leurs fonctions conciliatrices au service du patronat, où
les grèves, aussi héroïques qu’elles puissent être, débouchent systématiquement
sur des échecs et le triomphe du dictat patronal ou étatique, où les soi-disant
« Partis des Travailleurs » se dénoncent par
d’éphémères participations gouvernementales comme les valets zélés du
capitalisme multinational, où le refus massif des masses sur des questions
essentielles ( comme par exemple les millions de signatures anti-missiles
aux Pays-Bas ) reste lettre morte, etc.
Cette situation est vécue par
l’ensemble de la classe ouvrière dans tous les pays européens. Cette situation
est celle que les avant-gardes communistes de ces mêmes pays ont à prendre en
considération pour y apporter des réponses. Si même aujourd’hui c’est de
l’absence d’une stratégie révolutionnaire historique et d’actualité que
souffrent le plus profondément les avant-gardes ouvrières, c’est de toutes ces
remises en question, parfois douloureuses, de tous nos échecs antérieurs, de
toutes nos désillusions, de toutes nos interrogations, et surtout de la
richesse de l’expérience des victoires et des défaites, qu’émergent, peu à peu,
progressivement, les éléments de notre futur.
Ces éléments, les révolutionnaires
et les travailleurs combatifs les puisent dans l’histoire de leur classe, dans
les leçons de toutes les luttes ; ils les confrontent à leurs exigences et à la situation
actuelle, ils les projettent dans l’avenir à gagner. La cause du prolétariat et
l’arme formidable du marxisme-léninisme, que des décennies de révisionnisme et
de réformisme putrides ont calomniées de dépassées, d’utopiques, voire même de nuisibles,
sont à nouveau envisagées et considérées avec sérénité et espoir par de
nombreux travailleurs dans les métropoles.
Se rendre compte que les politiques
de collaboration et de participation au système démocratique bourgeois nous
ont, en fin de compte, toujours livrés pieds et poings liés à la dictature des
exploiteurs, impose de lutter pour l’auto-organisation
de la classe ouvrière en classe pour soi, en rupture totale avec les
institutions bourgeoises, comme seule possibilité pour le monde du Travail de
défendre ses intérêts, qu’ils soient immédiats ou à long terme.
Se rendre compte que l’État est
l’État du capital, que les partis bourgeois qui s’y relaient aux ordres des
conseils d’administration détenant tous les pouvoirs dans nos pays ne peuvent
qu’être totalement étrangers aux plus infimes intérêts des travailleurs, impose
cette évidence — et lui donne tout son sens — qu’il faut que le prolétariat
s’empare, sans le moindre partage, du pouvoir, c’est-à-dire renverse l’État
bourgeois et construise l’État ouvrier socialiste.
Se rendre compte donc, qu’après
avoir épuisé en vain toutes les anciennes formes de lutte, du vote aux grèves
syndicales en passant par les occupations ou les manifestations qui ne peuvent
plus rien changer, s’impose pour le monde du Travail de s’instruire de
ces défaites pour générer une stratégie de lutte nouvelle, adéquate, faite d’un
rapport d’antagonisme complet avec la bourgeoisie.
Générer une stratégie de lutte
nouvelle ne veut rien dire d’autre que se saisir à nouveau, avec confiance et
rigueur, de la pensée vivante du marxisme, du matérialisme historique et
dialectique pour diriger notre combat ! C’est à travers cette
intelligence que la classe ouvrière trouve les réponses à sa dynamique de
classe : Construire le Parti Communiste
Combattant du prolétariat dans le feu de la guerre de classes, instaurer la
dictature du prolétariat par la conquête violente du pouvoir, détruire le mode
de production capitaliste et construire le socialisme ! Voilà les mots d’ordre
qui émergent à nouveau des avant-gardes révolutionnaires des masses laborieuses
dans la vieille Europe en crise.
Car même si l’Europe n’est pas une
entité aussi homogène que l’internationalisme simplet l’imagine, c’est-à-dire
si les concurrences nationales et l’histoire des luttes ouvrières respectives
caractérisent spécifiquement chaque nation européenne, la crise politique,
idéologique et stratégique du mouvement révolutionnaire se retrouve partout
dans les mêmes données globales et donc impose un même pas de progrès.
C’est à partir de cette
contradiction généralisée au sein de la lutte de classe que s’explique la
renaissance du mouvement communiste révolutionnaire dans de plus en plus de
pays des centres impérialistes. Après des décennies de révisionnisme,
d’opportunisme et de réformisme, le marxisme-léninisme s’impose sans cesse au
sein des organisations de guérilla révolutionnaire, et ainsi réaffirme
l’Internationalisme Prolétarien comme la forme suprême de la conscience
communiste.
Voilà comment s’explique l’unité des
Cellules et d’un Groupe de Communistes Internationalistes en France dans une
offensive commune contre l’OTAN. Voilà ce qui démontre l’ineptie et la
malveillance des commentaires qui ne manqueront pas d’être proférés tous
azimuts sur l’« hydre euroterroriste ». L’offensive politique
commune et la pratique se sont imposées et construites sur la seule base de
notre identité communiste commune, sur l’exigeante volonté des Communistes
Internationalistes de mener la guerre de classe, partout où ils sont, pour faire
progresser les forces révolutionnaires.
Il ne s’agit donc pas, dans cette
compréhension des choses, que les Cellules Communistes Combattantes ou d’autres
s’engagent de façon volontariste à franchir les frontières ! Au contraire, il s’agit
d’être attentif et de prendre acte du développement objectif de la direction ML
partout de par le monde et d’établir une dialectique internationaliste entre
les avant-gardes issues de ce développement, c’est cela l’Internationalisme
Prolétarien. Le temps de la recomposition du mouvement révolutionnaire autour
des principes historiques fondamentaux du marxisme-léninisme, renouant des
liens avec son histoire et son patrimoine, affrontant l’avenir en conquérant,
est arrivé. Et il est arrivé partout !
Les actions de ce matin sont un
premier témoin de cette situation et révèlent la décision des révolutionnaires
de progresser dans ce sens.
« OU IL Y AURA LE
COMMUNISME POUR TOUS, OU IL N’Y AURA DE COMMUNISME POUR PERSONNE ».
En cette époque, cela est évident
pour plusieurs raisons :
— Sur le plan économique tout
d’abord, car il existe un tel réseau de dépendances et d’interdépendances
économiques entre tous les pays du monde qu’isoler un pays de cette complexité
est irréalisable à l’ère impérialiste.
— Sur le plan militaire ensuite,
quand l’on voit que chaque poussée révolutionnaire dans le monde implique une
réaction immédiate des forces spéciales des États impérialistes ( telle
l’intervention conjointe des parachutistes français et belges à Kolwezi ), que ces forces sont en
pleine expansion ces dernières années ... Et que le partage du monde est décidé à Genève ...
— Sur le plan politique
également en ce que le processus de lutte pour le communisme impose un rapport
fondamentalement différent entre les peuples à travers l’Internationalisme
Prolétarien, des rapports fraternels sur la base de la solidarité.
— Sur les plans politique et
historique enfin, puisqu’à la tragique lumière du rétablissement complet du
mode de production capitaliste en URSS et en Chine, les déviations historiques
des thèses du « socialisme dans un seul pays » ou autres « patrie du socialisme » doivent se combattre
par l’affirmation vivante de l’Internationalisme
comme seule voie pour le chemin de la révolution communiste.
L’Internationalisme
est inhérent au processus révolutionnaire en ce que chaque progrès particulier
influe sur la contradiction globale ( le rapport de forces entre
prolétariat mondial et bourgeoisie impérialiste ), et que l’unité
politique, idéologique, et sans doute militaire des forces révolutionnaires
constituées s’imposera pour vaincre un ennemi conséquemment unifié en tant que
classe dominante.
Ajoutons aussi à tous ces facteurs
l’importante subjectivité communiste qui s’exprime à travers
l’Internationalisme dans le cœur des prolétaires, en ce qu’il est porteur de
Fraternité entre opprimés, d’identité de classe dans les espoirs partagés et
les combats communs.
Nous revendiquons la subjectivité de
notre identité de classe, et nous combattons tout autant le subjectivisme : il s’agit d’un fléau
qui gangrène sérieusement certains mouvements de lutte en Europe. Dès leur
apparition dans les années 1970, des mouvements de guérilla dans les métropoles
ont été marqués, à des degrés divers, par cette déviation. Aujourd’hui le
subjectivisme et ses développements : idéalisme, anarchisme, ou ses corollaires : opportunisme, radical-réformisme, orientent encore trop de combats, et à
l’heure imminente d’une forte explosion sociale, il s’agit de les combattre
politiquement et d’y mettre un terme.
Pour terminer ce communiqué, nous
allons maintenant parler de la conjoncture particulière qui nous a amené à
choisir ce moment pour mener notre première intervention posant la question de
l’Internationalisme.
Amplement présenté comme le sommet
de la paix, le bilan que les peuples peuvent tirer de ce sommet est très clair : la tendance à la guerre
se renforce et s’accélère, de même que les bonnes paroles de « paix » de Reagan et Gorbatchev
s’inscrivent intégralement dans ce processus :
Elles préparent, conditionnent les
peuples à l’idée de la guerre, concept que la bourgeoisie impérialiste avait
éloigné des centres aux moments où leur pacification était nécessaire à
l’exportation des conflits dans le Tiers-monde : lors des périodes de décolonisation,
des reconquêtes néo-coloniales, des luttes de libération nationale et du
maintien de l’ordre impérialiste, des rivalités inter-impérialistes
à travers les puissances locales interposées, etc. Aujourd’hui,
il faut à nouveau faire intégrer aux populations qu’une guerre est possible
alors qu’il y a 40 ans qu’on les berce et les exploite dans la « coexistence pacifique ». C’est en ce sens que
le Sommet de Genève intègre les peuples à la logique de feu et de sang de
l’impérialisme : le sommet de la paix
s’est mué en « sommet de la dernière chance », dont l’échec sous-tend
clairement le développement brutal de la menace.
Mais ce n’est pas tout de rendre la
guerre fatale et historiquement logique aux yeux des masses, de la faire accepter
comme aussi fatale qu’inéluctable : il faut encore mobiliser les masses dans les projets
criminels de l’impérialisme, et le Sommet de Genève poursuit aussi ce but. Il
s’agit, pour chacun des leaders impérialistes de se présenter comme le « défenseur de la Paix », du « monde libre », et de faire — devant
son opinion publique — endosser l’échec prévisible de ce numéro de bandits par
l’impérialisme concurrent. D’un côté, « l’avenir du socialisme
contre le bellicisme impérialiste », de l’autre « la démocratie contre le
totalitarisme soviétique » !
Le Sommet de Genève n’était qu’une
infâme manœuvre des impérialistes, personne n’y comptait réduire quelqu’armement et aucune des parties n’y entendait régler
quoi que ce soit :
il s’agissait de faire un grand pas vers la guerre en mobilisant les masses
derrière leur bourgeoisie.
Les révolutionnaires doivent
combattre les manigances impérialistes, ils doivent dénoncer et attaquer les
plans sordides des États-majors politiques, financiers et militaires bourgeois ; le Sommet de Genève
doit être mis au banc des accusés : accusée, la défense de la « démocratie » à l’Ouest,
accusée, la défense du « socialisme » à l’Est,
et accusé principal, l’impérialisme mondial fauteur de crise et de guerre !
Renforçons les luttes
révolutionnaires de notre classe, unissons-nous au-delà des frontières, car
pour nous, communistes, une seule frontière existe : celle qui sépare le monde
pourrissant des exploiteurs et celui des exploités ! Suivons en cela
l’exemple héroïque de Pierre Akkerman qui, en vrai
militant communiste, fit sien le combat de ses frères de classe espagnols
contre le fascisme, le militarisme et la réaction !
PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS,
UNISSEZ-VOUS !
CONTRE LA GUERRE IMPÉRIALISTE, LA
GUERRE CIVILE !
EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION OU LE
RENFORCEMENT DES ORGANISATIONS COMMUNISTES COMBATTANTES FROLETARIENNES PARTOUT
DANS LE MONDE !
VIVE L’INTERNATIONALISME PROLÉTARIEN !
EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION
COMMUNISTE !
TOUT LE POUVOIR AUX
TRAVAILLEURS !
Cellules Communistes
Combattantes
pour la construction de l’Organisation Combattante
des Prolétaires
Un groupe de Communistes Internationalistes
en France
Bruxelles, le 6 décembre
1985
Suite à un contretemps, l’action
projetée contre le CEPS à Huissignies n’a pas été
menée ce matin.
Lettre aux Travailleurs,
Travailleuses, et Camarades en France
Ce matin, un groupe de Communistes
Internationalistes en France et les Cellules Communistes Combattantes ont mené
de concert trois actions de guérilla révolutionnaire, une à Versailles, deux en
Belgique. La qualité Internationaliste de cette offensive fait, pour la
première fois, apparaître concrètement notre Organisation en dehors des
frontières, et c’est dans ce sens que, intervenant dans votre réalité, nous
voulons vous présenter, exposer, même très brièvement, le projet politique des
Cellules, notre histoire, notre combat.
Cette présentation nous semble aussi
s’imposer par prudence : nous savons déjà que l’ensemble des médias ne manquera pas
d’agiter le spectre du « terrorisme international », le KGB ou la « filière bulgare », et surtout Action
Directe. Nous sommes totalement étrangères à tout cela. Ceux qui connaissent
quelque peu notre combat et nos positions politiques savent que ce qui nous
sépare d’AD est le fossé infranchissable entre le
marxisme-léninisme et l’anarcho-radicalisme.
Qui sont les Cellules Communistes
Combattantes ?
Nous sommes une jeune — et encore
très faible — organisation militante combattant pour la révolution communiste.
Mais l’Histoire est hélas de plus en
plus riche de manipulations abusives du concept communiste ou de trahisons de
son essence : un des deux principaux
impérialismes s’en revendique toujours honteusement, c’est au nom de son idéal
et de sa clairvoyance que la contre-révolution chinoise réinstaure le
capitalisme, c’est sous son couvert que le P"C"F, depuis 1920,
trafique son orthodoxie social-démocrate. Il nous faut donc apporter quelques
éclaircissements dans notre affirmation communiste.
Nous combattons pour la révolution
communiste, pour la destruction du pouvoir bourgeois, pour la construction
d’une société sans classe et sans État, une société où sera abolie
l’exploitation de l’homme par l’homme, une humanité sans misère, sans guerre ...
Et cela, pour nous marxistes, est un
objectif bien concret que nous pensons accessible et réalisable, que nous savons
inéluctable dans le devenir de l’humanité. Tout notre engagement, toute notre
identité, toute notre subjectivité reposent sur la confiance, éclairée par tant
de pages héroïques de la lutte des peuples, dans la cause des exploités,
puisent leurs forces dans l’exigence d’un nouveau monde, se rationalisent dans
les théories du socialisme scientifique. Toute notre organisation politique,
stratégique et tactique est unifiée sur ces bases et ne vise qu’un seul but : la Révolution !
La politique, la stratégie et la
pratique des Cellules Communistes Combattantes sont guidées par les
enseignements vivants du marxisme-léninisme. Trop brièvement, cela veut dire :
— Les sociétés humaines sont
fondamentalement organisées en fonction des conditions économiques historiques,
c’est-à-dire l’organisation et le développement du mode de production. Le mode
de production hégémonique caractérisant cette époque est le capitalisme. Dans
sa phase actuelle, monopolistique et mondialisée, c’est l’impérialisme, « stade suprême du capitalisme ».
— Le capitalisme est un système
de classes où s’opposent, de façon antagonique, les intérêts de la bourgeoisie
et ceux du prolétariat. Les moyens de production et les richesses accumulées
sont aux mains d’une petite bande de parasites — la bourgeoisie —, tandis que
la très grande majorité des populations est déshéritée du fruit de son travail.
En cette étape de l’impérialisme achevé, nous disons que la contradiction
principale animant le mouvement de l’Histoire est celle opposant le prolétariat
mondial à la bourgeoisie impérialiste.
— La question qui se pose à
l’ordre de l’Histoire est celle-ci : la rationalité capitaliste n’engendre plus aucun progrès
dans le développement des forces productives, au contraire, elle ne peut plus
qu’engendrer, avec des conséquences de plus en plus dramatiques, toutes ses
tares inhérentes :
crises économiques, surexploitation du travail, chômage, guerres incessantes,
famines à l’échelle continentale, catastrophes et dérèglements écologiques,
aliénation et désespoir existentiels, etc.
Alors, il est tant d’actualité que de bon sens de poser la question du
dépassement, de la disparition de cet ordre économique aussi absurde que
criminel.
— Le prolétariat est la classe
sociale appelée à réaliser cette révolution. Lui seul est à même, de par sa
position dans la contradiction économique et en s’organisant en tant que classe
pour soi sous la direction de son Parti Communiste, de réunir les forces vives
et la juste direction prolétarienne pour la prise du pouvoir. La prise du
pouvoir par la classe ouvrière veut dire l’autorité absolue du monde du Travail
sur tous les secteurs économiques et politiques, principalement la disparition
de la propriété privée et l’organisation socialiste de la production.
— La révolution prolétarienne
sera une révolution violente. La dictature de la bourgeoisie repose
fondamentalement sur la brutalité terroriste de ses armées mercenaires, et à
l’heure de la confrontation historique elle jettera toute sa folie meurtrière
dans la bataille. Pour vaincre la bourgeoisie et ses sbires, la classe ouvrière
doit se doter d’une grande unité politique, idéologique et militaire capable
d’écraser les forces ennemies. Le Parti Communiste guidé par le
marxisme-léninisme et l’Armée Rouge placée sous sa direction sont les
instruments politiques et militaires dont la classe ouvrière doit se doter ( qui
doivent émerger de son sein ) pour imposer sa propre dictature : la dictature du
prolétariat. En instaurant la dictature du prolétariat, la classe ouvrière fera
disparaître la bourgeoisie et créera ainsi, par voie de conséquence, les
conditions pour son auto extinction en tant que classe.
Les Cellules Communistes
Combattantes s’inscrivent au sein de la lutte de classe en Belgique. Partant de
l’analyse matérialiste historique de la conjoncture sociale dans notre pays,
des potentialités et des faiblesses du mouvement prolétarien — et ce replacé
dans le contexte international —, nous travaillons à la « première tâche » : la construction de l’organisation
Combattante des Prolétaires, c’est-à-dire à l’unification organisationnelle des
avant-gardes prolétariennes dans une pratique offensive et révolutionnaire.
La construction, dans le combat de
classe, de l’Organisation Combattante des Prolétaires est donc la tâche
primordiale s’imposant aux communistes dans notre pays ... comme dans le vôtre ! Dans notre cas, nous
avons défini la période stratégique actuelle de la lutte des Cellules comme
celle de la « propagande armée ».
« La lutte armée pour le
communisme est un vecteur de propagande particulièrement efficace quand elle
est menée correctement. Cette force réside dans ce qu’elle porte de rupture
avec le cirque démocratique dont la bourgeoisie rédige le programme, dans ce
qu’elle est destruction objective chez l’ennemi, dans ce quelle témoigne de la
réalité, même encore limitée, de forces prolétariennes organisées pour la
guerre de classe, et dans ce qu’elle est irrécupérable par les idéologues
appointés de la bourgeoisie : « les faits sont têtus ! »
« De plus, la pratique de
la lutte armée en ce qu’elle est rupture révolutionnaire, anticipe et prépare
les phases futures du mouvement révolutionnaire, l’insurrection pour la prise
du pouvoir par le prolétariat, la guerre civile pour l’élimination de la
bourgeoisie et de ses agents. Le mouvement de classe, trempé dans la lutte de
guérilla, arrivera aux échéances décisives de son histoire avec l’expérience et
l’organisation, les forces réelles de maturité politique, organisationnelle, et
même subjective absolument nécessaires. »
« La lutte armée pour le
communisme permet enfin de démasquer par les faits tous les traîtres au
mouvement ouvrier, tous ceux qui ne manquent pas de rejoindre la bourgeoisie et
de dénoncer les révolutionnaires quand l’orage s’annonce ! La lutte armée a un caractère d’anticipation concrète du pouvoir ouvrier,
elle démasque les politiques de kollaboration et
d’intégration des traîtres syndicaux et réformistes. »
« Et surtout, la lutte
armée exprime la pratique d’un véritable Internationalisme Prolétarien, car, à
l’époque de l’impérialisme ( à l’époque où le mode de
production capitaliste a mondialisé sa domination ), une unité de plus en
plus grande s’impose entre les avant-gardes et les masses des pays dominés et
des métropoles. Cette unité, face à un ennemi commun, se réalise dans le combat
révolutionnaire et impose d’attaquer l’ennemi sur tous les fronts. À l’heure où
tant de peuples du monde combattent la bête les armes à la main, les
révolutionnaires dans les métropoles se doivent d’attaquer les arrières de la machine
impérialiste avec la même détermination. » ( Points 16
à 19 de notre « Document du 1er mai, À propos de la lutte armée » ).
Dans la pratique, notre politique
s’est, jusqu’à ce jour, concrétisée dans trois campagnes :
— La « Première Campagne anti-impérialiste
d’Octobre » portait la question de l’émergence de la politique
révolutionnaire au sein de la contradiction opposant l’ensemble des populations
à l’impérialisme :
la guerre impérialiste. Dans notre pays, un grand mouvement populaire est
mobilisé contre les préparatifs bellicistes de l’OTAN concrétisés
particulièrement par l’implantation des missiles US sur notre territoire. Par
cette campagne, nous avons restitué la question de la guerre impérialiste au
sein de sa matrice :
le mode de production capitaliste. Nous avons porté l’offensive contre trois
multinationales directement compromises avec l’industrie de guerre, contre les
partis politiques au pouvoir gouvernemental : les sociaux-chrétiens et les
libéraux, et enfin contre les forces armées de OTAN. Nous avons clôturé cette
campagne le 15 janvier 1985.
— Le 1er mai, Fête
du Travail, nous avons attaqué et détruit le siège de la Fédération des
Entreprises de Belgique à Bruxelles, le Quartier Général du patronat belge. Au
cours de notre intervention, la gendarmerie s’est rendue responsable de la mort
de deux pompiers, drame auquel nous n’avons pu que trop faiblement répondre en
attaquant, quelques jours plus tard, la « Direction Supérieure de
la Logistique et des Finances » de cette gendarmerie, corps
spécial de répression anti-ouvrière placé sous le commandement de l’OTAN via la
« Défense Nationale ». À l’occasion du 1er
mai, nous avons aussi publié une série de documents, dont le principal était
une première définition globale de notre stratégie révolutionnaire : « À propos de la lutte
armée ».
— La « Campagne Karl Marx » porte la question de la
lutte des travailleurs contre l’austérité et celle de la nécessité de
l’Organisation ouvrière. Nous l’avons ouverte le 8 octobre dernier par l’action
contre Intercom, géant de la production et
distribution d’énergie ( gaz, électricité ) responsable, avec ses
pairs européens, de centaines de morts de froid et de dénuement l’hiver
dernier. Puis, nous avons détruit le siège de FABRIMETAL, syndicat des patrons
de la métallurgie, et le même jour, toujours à Charleroi, nous avons porté
l’attaque contre « l’Office des contributions directes ». Les 4 et 5 novembre,
les Cellules ont attaqué et détruit trois principaux sièges de l’oligarchie
financière : les trois premières
banques du pays ( déjà attaquées à de nombreuses reprises au cours de
manifestations ouvrières ), et la MHB, quatrième institution
de crédit aux USA, véritable vampire du Tiers-Monde. La « Campagne Karl Marx » est toujours ouverte
aujourd’hui.
— La « Campagne Pierre Akkerman, Combattre le militarisme bourgeois et le
pacifisme petit-bourgeois » s’est ordonnée comme continuité et
progrès de notre première Campagne, elle est liée aux récents événements
d’actualité : la mobilisation
anti-guerre du 20 octobre à Bruxelles, le Sommet ( inter impérialiste ) de Genève et
l’incursion intempestive de Reagan le 21 à l’OTAN. Nous avons, les 19 et 20
octobre, porté l’offensive contre INFORSERMI, un centre de recrutement
militaire, et ensuite dénoncé dans la pratique les directions infâmes des
petits-bourgeois pacifistes dont la seule raison est
de trahir le mouvement anti-guerre en l’enfermant dans le légalisme capitulard.
Quand Reagan paradait dans les bunkers de l’OTAN placés sous la protection de
milliers de flics et d’hommes de troupes, notre Organisation détruisait le
siège européen du trust d’électronique militaire US MOTOROLA, et avant-hier
nous attaquions la Bank of America
à Anvers. Les trois actions simultanées de ce matin clôturent la « Campagne Pierre Akkerman ... » du nom d’un Communiste
Internationaliste tombé, le 1er janvier 1937, dans le combat des
Brigades Internationales.
Travailleurs, Travailleuses,
Camarades,
Une si courte présentation est
certainement insuffisante pour vous renseigner sur la globalité et les
particularités de la lutte des Cellules Communistes Combattantes. Cependant
nous pensons qu’il était juste de l’écrire en ce qu’elle est une approche à
partir de laquelle certains d’entre vous seront peut-être tentés de
s’interroger plus sur l’exigence et le chemin du combat de la révolution
communiste. Nous ne pouvons que vous écrire le même message adressé au monde du
Travail dans notre pays :
L’Organisation
Communiste Combattante, réalisant l’unité des éléments les plus combatifs du
prolétariat ne naît pas de son auto-proclamation.
C’est dans le mouvement concret de la lutte, de ses expériences et de son
enrichissement, des forces développées pour la finalité révolutionnaire, que
les avant-gardes s’unifient. Aujourd’hui, aux camarades sincères et combatifs,
nous disons : lisez, étudiez,
discutez les enseignements du marxisme et du léninisme ; étudiez, discutez les expériences
historiques de notre classe ; lisez, étudiez, faites circuler et critiquez l’expression
politique des révolutionnaires européens et du monde entier aujourd’hui,
enrichissez ce patrimoine de vos critiques et confrontez-le à la pratique,
posez la question de la Révolution, de l’organisation des forces prolétariennes
dans cette optique, et les portes de l’avenir s’ouvriront devant nous !
Pour le communisme,
Cellules
Communistes Combattantes