Cellules Communistes Combattantes
Campagne Karl Marx
Action contre Fabrimétal et les contributions, 12 octobre 1985
Ce matin du 12 octobre 1985 les Cellules Communistes
Combattantes ont attaqué et détruit deux centres du pouvoir bourgeois situés à
Charleroi, c’est-à-dire :
— le siège régional de l’association patronale de la
métallurgie, des industries mécaniques, électriques et plastiques, FABRIMETAL,
rue F. Puissant, 15
— l’office des contributions directes, au no
13 même rue.
Avant d’expliquer ce qui lie ces deux actions au sein de
notre campagne Karl Marx, il convient de voir en quoi ces objectifs sont
spécifiquement et objectivement, chacun à leur niveau, partie intégrante de
l’appareil de la bourgeoisie impérialiste régnant en ce pays, et en quoi ces deux
institutions sont en fait des éléments moteurs de l’offensive
anti-prolétarienne que nous subissons depuis des années et à laquelle nous
commençons à peine à rendre coup pour coup.
Sous la présidence du patron de Boelwerf SA, Philippe
Saverys, qui est par ailleurs membre du Comité de Direction de la Fédération
des Entreprises de Belgique ( FEB - VBO, dont
nous avons détruit le siège principal ce 1er mai ) et administrateur du Groupe
Bruxelles-Lambert ainsi que du holding COBEPA, FABRIMETAL est en fait le point
de jonction du patronat belge des secteurs métallurgiques, mécaniques, etc.,
grâce auquel s’élaborent les offensives anti-ouvrières selon les directives FEB
et CEE
Car si, dans la métallurgie comme ailleurs, le
rétrécissement de la base d’exploitation de la bourgeoisie implique une
concurrence de plus en plus acharnée et de plus en plus agressive tant au
niveau national ( opposition
entre Cockerill Sambre et Sidmar, par exemple ) qu’au niveau européen ( concurrence entre la Belgique, les
industries de Lorraine, de la Rhur, d’Italie etc. ) et qu’au niveau mondial ( voir le récent conflit CEE/USA à
propos des exportations de tubes d’acier ), il est un point où tous les
patrons de la métallurgie, administrateurs de holdings, fonctionnaires
nationaux ou européens s’entendent.
Cette belle unanimité se traduit par la tentative de faire
peser au maximum le poids de la crise capitaliste de surproduction d’acier, de
la surproduction d’outils de travail, sur les épaules des prolétaires d’Europe,
toutes nationalités confondues.
Il y a là un jeu subtil de la bourgeoisie impérialiste qu’il
convient de bien saisir si le monde du travail veut intervenir efficacement
dans cette situation. Nous avons d’un côté concurrence acharnée, d’un autre
tentative nationale ou européenne de mettre un minimum d’ordre dans ce foutoir,
et par dessus tout unanimité à exploiter un maximum les travailleurs.
— Concurrence acharnée tout d’abord, quand au sein de
la CEE la consommation d’acier a baissé de 2 %
chaque année de 1980 à 1984. Toutes les entreprises sidérurgiques européennes
n’atteignant pas rapidement le « top niveau » en matière de productivité périrent rapidement dans cette
crise. Cette situation affirma les tensions internationales à travers, par
exemple, l’augmentation des barrières douanières, l’imposition de quotas
d’importation, les échecs dans les négociations internationales ayant trait au
libre-échange ( GATT ), etc.
— Tentative de rationalisations ensuite,
particulièrement à l’échelle européenne où, sous l’égide de Davignon ( récemment
nommé Président de la Société Générale de Banque et Administrateur de Solvay,
tiens, tiens ... ), l’instauration de quotas de
production et leur répartition entre les différentes industries nationales
sonnèrent le glas pour les sidérurgistes lorrains, luxembourgeois et wallons.
Cette politique étant répercutée au niveau national par des responsables
bourgeois tels que Jean Gandois ou Raymond Haim Lévy, son successeur à la tête
de Cockerill-Sambre et ancien responsable des fermetures à USINOR et
Creusot-Loire, en France.
— Politique anti-prolétarienne enfin, car si au sein de
la CEE la production d’acier a diminué de 25 %
entre 1974 et 1984, l’emploi y a diminué, sur la même période, de 44 % ! Et ce n’est pas seulement le volume de l’emploi qui est
dans le collimateur de la bourgeoisie impérialiste, mais également sa
stabilité, les revenus, les droits syndicaux, etc.
Si l’emploi global diminue, l’exploitation du travail du
sidérurgiste est, par contre, en augmentation constante. 100 heures de travail
en 1983 permettaient la production de 16,3 tonnes d’acier, et les mêmes cent
heures permettaient l’année passée 2,2 tonnes supplémentaires. À l’heure du
bilan pour les métallos d’Europe, il ne reste qu’une surexploitation et 350.000
emplois supprimés en 10 ans.
La surproduction d’acier est aussi typiquement capitaliste
que la surproduction agricole ( « excédents » laitiers et autres ). Et il apparaît clairement que
seuls les rapports induits par le mode de production capitaliste développent de
pareilles aberrations ! L’humanité a besoin d’acier, de transports, de câbles, de
navires ou de logements comme elle a besoin d’aliments. Il faut en finir avec
cette absurdité !
Le déménagement de VALFIL en Chine en est l’illustration. Ici, l’usine était de
trop, comme elle sera bientôt de « trop » pour les capitalistes chinois. La
surexploitation des travailleurs chinois pour des salaires de misère leur
accorde néanmoins un sursis.
Aujourd’hui, les travailleurs de la sidérurgie paient
durement les défaites passées, défaites dont il faut dès maintenant tirer les
leçons. Comment un tel carnage put-il être réalisé par la bourgeoisie
impérialiste ?
Celle-ci a, avant tout, savamment provoqué, développé et
entretenu la division entre les travailleurs. Qui s’est réellement soucié des
luttes admirables des prolétaires français et immigrés, d’USINOR, SACILOR et
d’autres ?
Au delà d’une solidarité ponctuelle et d’une modeste reconnaissance de
l’appartenance à un même monde, celui du travail et de l’acier, ces camarades
se sont battus seuls. Quelques années plus tard, ce fut notre tour et nous nous
retrouvâmes également seuls, et plus encore car non seulement isolés de nos
camarades de RFA, d’Angleterre ou d’ailleurs, mais aussi entre nous.
Le sceptre de la division s’est répandu également entre les
travailleurs du nord et du sud du pays, division exploitée par nos notables
régionaux qui, sous le prétexte du fait que ce fut la Wallonie qui souffrit le
plus des restructurations, déchargèrent la bourgeoisie impérialiste transnationale
de sa responsabilité pour la faire endosser sur une « entité flamande », confondant de manière insultante
travailleurs et patronat flamands. Pire, la pomme de discorde fut même portée
au sein du prolétariat wallon dans l’odieuse mise en scène de « guerre des bassins » où, somme toute, les licenciés de
Montignies pouvaient encore s’estimer heureux et consolés par les licenciements
à Seraing !
Et vice-versa !
L’égalité dans le chômage et la misère était respectée, les profits assurés
pour les patrons :
c’est cela la démocratie bourgeoise.
À cette occasion, les appareils réformistes ( politiques
ou syndicaux )
se sont ouvertement dénoncés comme ce qu’ils sont : des capitulards ! En échange de vagues promesses sur
l’emploi, de considérations fumeuses sur la réduction du temps de travail, de
miroirs aux alouettes dans lesquels ils se contemplent et pour lesquels ils
nous vendent et nous trahissent, les réformistes se sont, au nom d’une
politique « raisonnable » — la raison du capital —,
prostitués à la bourgeoisie.
Tout cela est certes fort amer. Et il faut faire en sorte
que cela ne se reproduise plus, et plus encore, que cela ne puisse plus se
reproduire, plus jamais. Pour balayer le carcan de la dictature bourgeoise, il
nous faut balayer le carcan du mode de production capitaliste. Pour balayer le
mode de production capitaliste, il nous faut construire un nouvel ordre
économique mondial, de nouveaux rapports économiques et sociaux basés sur la
production de richesses pour la satisfaction des besoins de tous et de chacun.
Il nous faut marcher vers le Socialisme, vers le Communisme. Pour cela, il faut
que le monde du travail soit seul maître de son histoire, qu’il ne concède plus
rien à la bourgeoisie. Et comme aujourd’hui les rapports entre les classes sont
la domination de la bourgeoisie, il faut que le prolétariat s’arme de toutes
ses forces pour imposer sa dictature. Il faut nous organiser et frapper sans
relâche l’ennemi dans une perspective révolutionnaire de prise du pouvoir par
la classe ouvrière !
Notre attaque contre l’association patronale FABRIMETAL n’est que cela, elle
est tout cela.
Il nous faut maintenant nous expliquer sur le sens de notre
attaque contre le centre des impôts.
Avant tout, quelle place occupe l’imposition à ce moment-ci
de la dictature bourgeoise ?
Objectivement, l’extorsion toujours croissante des impôts
directs et indirects constitue en fait une baisse du salaire réel. D’autant
plus que la gestion de ce capital est orientée de manière à perpétuer l’ordre
impérialiste, à assurer sa sécurité, à garantir ses profits, à faciliter son
fonctionnement en finançant toutes les infrastructures nécessaires à la
production capitaliste ( qui ne sont pas immédiatement
sources de richesses ou, du moins, pas suffisamment pour les capitalistes ).
Et plus grave encore, ces secteurs ( chômage,
santé, enseignement, transports, recherche ... ) financés directement ou
indirectement par notre travail sont, dans le cadre de la politique libérale,
soumis à une pression constante pour qu’ils deviennent source de profit.
L’attaque en règle contre les services publics se situe dans
ce cadre, c’est-à-dire qu’en étant financés par nous à travers les impôts, ils
doivent en plus réaliser du bénéfice sur nous en tant qu’usagers, patients,
etc. C’est ainsi que notre travail est amputé une troisième fois par la
bourgeoisie de ce qui nous revient, d’abord par la plus-value arrachée par le
patronat, ensuite par les impôts et autres cotisations, et enfin à travers les
bénéfices enregistrés par ces services, qui se fondront dans le capital géré
actuellement par l’État bourgeois.
L’importance des contributions dans l’appareil bourgeois
apparaît au regard de l’étendue de l’administration fiscale : 33.000 fonctionnaires, soit un
agent des finances pour 300 citoyens, ou encore 41 % du personnel des ministères.
L’État, dans sa fonction initiale de force de répression au
service de la bourgeoisie, dans sa fonction seconde de résolution des intérêts
contradictoires de cette même bourgeoisie, assure aujourd’hui une fonction nouvelle
et de plus en plus intégrée au capitalisme.
Les interventions de l’État de plus en plus fréquentes dans
l’économie, ses responsabilités financières et monétaires, sa gestion de pans
entiers et spécifiques de l’économie capitaliste ( SNCB,
RTT, etc. )
ont modifié la fonction de cet État bourgeois. De simple outil de la
bourgeoisie, il est devenu partie intégrante de celle-ci. Car si l’État
pille notre travail d’une manière différente ( à travers
l’imposition )
il n’en gère pas moins son capital de concert et au service du mode de
production capitaliste.
Bien sûr, les fonctions traditionnelles de l’État bourgeois
n’en sont pas oubliées pour autant et dans cette période de crised’actualité : nos impôts servent à entretenir un
vaste appareil de répression anti-prolétaire avec à sa tête la gendarmerie.
Ensuite ils se déversent dans les poches des multinationales de l’armement à
travers les budgets militaires et, n’oublions pas, ils entretiennent le
ministère de la justice qui garantit la propriété privée des moyens de
production, l’héritage, le vol de la plus-value, la libre entreprise et autres
bases légalisées de la dictature bourgeoise. Mais ce n’est pas tout.
Nos impôts financent aussi la bourgeoisie impérialiste à
travers les « aides » aux secteurs « nationaux », car plutôt que d’investir
directement dans les aciéries par exemple ( le raisonnement vaut pour tous les
secteurs, mais il nous permet ainsi de le lier à l’analyse précédente ), l’oligarchie financière investit
ses capitaux ( ses
bénéfices réalisés sur notre travail ) dans des banques et des holdings
qui, alors, prêtent ces capitaux aux industries avec les garanties de
remboursement assuré par l’État ...
c’est-à-dire avec nos impôts !
Voilà pourquoi, alors que nos 6 principales aciéries ont réalisé
en 1984 un bénéfice de 8,8 milliards de francs, après avoir soustrait les
investissements et surtout l’énorme charge financière ( les emprunts contractés auprès des
banques ),
elles affichent des pertes de 4,4 milliards ! Voilà comment nos impôts couvrent
des investissements à moindres risques pour les banques et les holdings ! C’est, en outre, un excellent
moyen de chantage pour la bourgeoisie ( de l’État
aux holdings )
contre les travailleurs, chantage devant lequel les réformistes ( syndicaux et autres ) sont totalement impuissants.
Alors que les budgets « sociaux », d’enseignement, etc. sont de plus
en plus éprouvés, une part croissante du budget est destinée à rembourser les
dettes contractées par l’État auprès des holdings et de l’ensemble de l’oligarchie
financière. En 1983, 203 milliards de francs ont servi à l’amortissement de la
dette. Citons encore quelques combines qui mettent nos impôts au service de la
bourgeoisie impérialiste : les accords sur les CST, TCT, chômeurs mis au travail,
stagiaires ONEM, etc., travailleurs auxquels l’État alloue un sous-salaire sur
l’argent qu’il vole aux autres travailleurs, et cela pour une période donnée,
dans une précarité d’emploi totale ! Et nous ne pouvons pas passer sous
silence le « boni » de la sécurité sociale qui a pris
le chemin des caisses de l’État alors que les CPAS se retournent contre les
familles pour leur faire assumer l’aide aux plus démunis, etc.
Ces exemples démontrent bien que, tant au niveau politique ( comme
nous l’avions dénoncé dans notre communiqué lors des attaques contre les
PRL/CVP ),
qu au niveau économique, l’État n’est en aucun cas représentant de l’ensemble
de la nation. Il n’est pas le subtil reflet de l’équilibre des forces de
celle-ci, comme la mascarade électorale lui permet de s’en vanter. Si les
patrons paient également des impôts, ceux-ci leur sont rendus au centuple par
un appareil qui est tout entier dans leur camp. Et quant aux considérations
électoralistes sur les baisses d’impôts, gageons qu’elles seront encore
offertes aux « entrepreneurs » comme il en a toujours été le cas
dans le passé. Il suffit de se rappeler les exemptions offertes pour l’achat
des actions belges dans le cadre « Monory-De Clercq ».
En nous attaquant aujourd’hui à l’administration des
contributions directes et à l’organisation patronale FABRIMETAL, nous nous
sommes en fait attaqué à deux facettes, complémentaires, de la dictature
bourgeoise.
Aujourd’hui, partis, État, holdings, multinationales, CEE, ... se fondent et se complètent au sein d’un vaste
ensemble :
la bourgeoisie impérialiste. Et si, pour des raisons de concurrence, des
contradictions apparaissent entre ces parties, ces banques, ces
administrations, toutes se retrouvent copains comme cochons quand il s’agit
d’exploiter encore plus les travailleurs. Et pour nous, cela seul importe, cela
suffit pour refuser toute compromission avec ces vampires, pour renforcer notre
détermination à renverser définitivement le pouvoir bourgeois.
Cela doit nous suffire pour refuser catégoriquement de
donner la moindre légitimité à la bourgeoisie, notamment à travers les farces
électorales. Même si, dans le vide actuel du mouvement ouvrier, nombre d’entre
nous iront voter pour l’actuelle mafia au pouvoir, frappés par le vide absolu
du programme du PS qui est creux comme un bambou, et vaguement appâtés par les
promesses de redressement ressassées par les maniaques du tonus et du tempo. Même
si d’autres voteront pour les réformistes de la social-démocratie en réaction
contre les agressions de Martens/Gol, et tout aussi vaguement appâtés par
d’autres promesses aussi vides. Malgré cela, il est de plus en plus clair qu’il
nous faut autre chose.
Pour cela, il faut aller plus loin, il faut renforcer
l’unité de la classe ouvrière, harceler sans cesse l’ennemi, remettre en avant
le marxisme-léninisme. Nous ne sommes, hélas, qu’à l’aube du processus
révolutionnaire, et nos actions sont encore très faibles, mais cette faiblesse
ne doit avoir pour tous qu’une seule conséquence : la dépasser, faire mieux et plus !
Il faut progresser sur le chemin de la suppression de l’exploitation de l’homme
par l’homme, pour la construction du Socialisme ! Que chacun réfléchisse, étudie,
s’organise, agisse, et frappe ! Que mille cellules naissent !
CONTRE LE CAPITALISME ET SA CRISE, LA GUERRE CIVILE !
EN AVANT VERS LA CONSTRUCTION DE L’ORGANISATION COMBATTANTE
DES PROLÉTAIRES !
Organisons-nous et frappons sans relâche !
EN AVANT VERS LA RÉVOLUTION COMMUNISTE !
TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS !
Cellules Communistes Combattantes
pour la construction de l’Organisation Combattante des Prolétaires