Collectif des prisonnièr(e)s des
Cellules Communistes Combattantes
Solidarité avec les
combattants anti-impérialistes emprisonnés à Khiam !
Solidarité avec Kozo Okamoto et ses camarades !
Le combat du peuple libanais contre l’occupation
israélienne est un juste combat qui doit recueillir notre soutien. Quelles que puissent
être les analyses que l’on porte sur telle ou telle composante de la résistance
libanaise, l’occupation du Sud-Liban par l’armée israélienne et par l’ALS, sa milice
mercenaire, ne peut être tolérée. Le quotidien de cette occupation pour les Libanais
est connue : destruction de villages, bombardements terroristes de populations
civiles, enlèvements et détentions sans jugement de toute personne suspectée d’aider
la résistance ( ou
refusant simplement l’enrôlement dans l’ALS ), usage systématique de la torture par les officiers
des renseignements militaires israéliens ou par leurs supplétifs libanais.
L’existence de la prison de Khiam, zone de non-droit dépendant des forces d’occupation israéliennes
( mais officiellement indépendante
d’elles parce que relevant de l’ALS ), est une illustration parfaite de l’indignation
sélective des médias bourgeois et du système des « deux poids, deux mesures » qui permet à Israël
de bafouer impunément les résolutions de l’ONU sur le Sud-Liban, la Cisjordanie
et la bande de Gaza, tandis que l’Irak a été transformé en champ de ruines pour
avoir refusé de se soumettre à la résolution concernant le Koweït.
La bourgeoisie impérialiste n’est ni pour la défense
des droits de l’Homme ni pour leur déni ; ni pour la guerre ni pour la paix ; ni pour le « nettoyage ethnique » ni pour le multi-communautarisme ; ni pour l’occupation
de territoires ni pour le droit des nations à disposer d’elles-mêmes. Elle est pour
ses intérêts qui commandent tantôt de défendre les droits des prisonniers à Cuba,
tantôt de torturer à mort les prisonniers au Pérou ; tantôt de faire chasser
par les oustachis croates des centaines de milliers de Serbes de la Krajina, tantôt
d’empêcher les tchetniks serbes de chasser les centaines de milliers d’Albanais
du Kosovo ; tantôt de forcer l’Irak
à évacuer le Koweït, tantôt d’aider Israël à occuper le Sud-Liban. Et les médias
de l’Occident sont là, selon les besoins, pour mettre telle situation en évidence
ou cacher telle autre derrière un « silence assourdissant ».
C’est ainsi que les bombardements, enlèvements,
disparitions, tortures dont se rendent coupables les forces d’occupation israéliennes,
dans le silence complice des médias, est le revers de la médaille dont l’avers nous
est connu pour être vanté matin, midi et soir dans ces mêmes médias : le « processus de paix ».
Cette paix impérialiste, les peuples du monde
la connaissent bien : des collines du Chiapas
au désert industriel du Borinage en passant par les ateliers-dortoirs du sud-est
asiatique, c’est le règne de l’exploitation et de l’humiliation des peuples. C’était
déjà cette paix qu’imposaient ces généraux romains dont les peuples rebelles disaient : « Là où ils font la désolation,
ils disent avoir fait la paix ». L’idéal de la paix impérialiste, c’est le profit assuré
pour une poignée de compradores et pour les multinationales, c’est la misère et
l’asservissement pour le plus grand nombre. La paix impérialiste équivaut à une
nouvelle avalanche de chaînes sur les peuples palestiniens et libanais, des chaînes
d’autant plus lourdes à porter qu’elles seront gardées par des flics palestiniens
et libanais au service des compradores locaux et de la bourgeoisie impérialiste.
Pas de libération nationale sans libération sociale !
Telle est la grande leçon des luttes anti-impérialistes
de ces dernières décennies. Il est certain que cette leçon est occultée par les
fractions bourgeoises qui participent à la lutte de libération nationale dans le
seul espoir d’avoir une meilleure place à la table des maîtres du monde. Ce sont
les arafatistes de partout et de toujours dont la rhétorique anti-impérialiste n’est
qu’une façade à leurs intérêts de classe. Le rôle de combattant anti-impérialiste
dont ils se parent un moment n’est pour eux qu’une carte à jouer dans le cadre d’un
marchandage avec la bourgeoisie impérialiste. C’est un rôle qu’ils sont prêts à
abandonner à tout moment.
Pas de libération nationale sans libération sociale !
L’engagement anti-impérialiste ou antisioniste
de pays qui exploitent et oppriment leurs propres peuples est un anti-impérialisme
et un antisionisme de circonstance. Les intérêts des classes dirigeantes primeront
toujours sur les intérêts de la lutte. Les accords de Camp David ne sont pas le
fait de l’individu Sadate, mais l’expression naturelle des intérêts de la bourgeoisie
compradore égyptienne : tous les pays du Moyen-Orient
sont capables de tels accords parce que toutes les bourgeoisies, quelque soit leur
nationalité, leur culture ou leur religion, n’ont jamais écouté que la voix de leurs
intérêts de classe.
La bourgeoisie est incapable de patriotisme comme
elle est incapable d’internationalisme. Son « patriotisme » n’est que l’expression
de sa propriété sur un domaine qu’elle exploite. Dès l’instant où elle trouve avantage
à vendre ce domaine, elle le fait sans hésitation. Quant à son « internationalisme », il n’est que l’extension
hors frontières de ses pratiques de rapines et de spoliation. Il n’est de véritable
patriotisme, de véritable attachement à la nation, que dans les classes populaires
et prolétariennes. Ce patriotisme est la base même de l’internationalisme et de
la solidarité internationale. Il exclut par définition les guerres de rapines et
les politiques chauvines qui sont les vecteurs par lesquels le « patriotisme » bourgeois satisfait
ses intérêts de classe.
C’est dans leur attachement aux intérêts du peuple
japonais que s’est fondé l’engagement internationaliste exemplaire de Kozo Okamoto et de ses camarades de l’Armée Rouge Japonaise
aux côtés des peuples palestiniens et libanais. Servir le peuple, c’est servir les
peuples, tant il est vrai que les intérêts des uns sont liés aux intérêts des autres.
À la logique concurrentielle et prédatrice du système impérialiste, s’oppose la
logique populaire et prolétarienne d’entraide, de coopération et d’amitié entre
les peuples : ou il y aura la libération
pour tout le monde, ou il n’y aura de libération pour personne. Telle est la vérité
qui articule le patriotisme et l’internationalisme populaires et prolétariens.
C’est sur cette base que nous adressons nos vœux
solidaires au peuple du Sud-Liban et à sa lutte de libération. En tant que communistes,
— en tant qu’adversaires résolus de toute irruption de la religion hors de
la sphère privée —, nous sommes radicalement opposés aux choix de composantes
essentielles de cette résistance. Mais telle qu’en elle même, cette résistance est
une cause juste : les forces d’occupation
israéliennes doivent être chassées du Sud-Liban, les prisonniers de Khiam doivent être libérés et les bourreaux de Khiam doivent rendre compte de leurs crimes.
Liberté pour les prisonniers libanais détenus
à Khiam par les forces d’occupation israéliennes et l’ALS ! Fermeture immédiate
du camp de détention de Khiam !
Liberté et asile politique
pour Koso Okamoto, Masao Adachi, Kazuo Tohira, Mariko Yamamoto et Haruo Wako, militant(e)s de l’ARJ détenu(e)s par le gouvernement libanais !
Vive
la lutte du peuple libanais !
Vive
la solidarité internationale !
Le Collectif
des Prisonnièr(e)s des Cellules Communistes Combattantes
( Belgique )
Prisons
à Louvain, Namur et Lantin, automne 1999.