Cellules Communistes Combattantes

Nous détruisons le siège du patronat, 1er mai 1985

Lettre ouverte aux militants de base de PTB … et aux autres

Dans le communiqué du 17 octobre 1984, suite à nos attaques contre les sièges des partis gouvernementaux, nous avions promis de nous adresser aux militants de base que des organisations révisionnistes et réformistes, telles par exemple le PCB et PTB, trompent quotidiennement. En fait, et comme nous le laissions entendre à cette occasion, ce souci de clarification ne s’adresse pas exclusivement aux militants de ces deux principales organisations, mais plus largement aux militants de toutes celles qui, de près ou de loin, se revendiquent du marxisme, des théories du socialisme scientifique, de l’organisation de la lutte de classe, du combat pour le communisme.

C’est évidemment l’ensemble de nos « Documents du 1er Mai » et des communiqués de notre première campagne qui leur est, en premier lieu, destiné. Ces documents sont soumis à leurs critiques, en même temps qu’ils sont la critique définitive des diverses lignes révisionnistes et réformistes qu’imposent les directions petites-bourgeoises de toutes les falsifications de « partis révolutionnaires ».

Notre première campagne anti-impérialiste, débutée le 3 octobre 1984 et clôturée le 15 janvier 1985, a déjà, dans les faits, repoussé avec force ces diverses lignes, très ancrées en Belgique, vers les poubelles de l’Histoire.

Nous savons que de nombreux camarades militants, avant-gardes ouvrières, se sont détournés avec honte et dégoût de leurs organisations soi-disant communistes face à notre combat. Ce mouvement ne pourra aller qu’en s’amplifiant. Mais, aujourd’hui, pour beaucoup d’autres camarades sincères, la prise de conscience de cette réalité est fort amère à accepter. Quand on a placé, des années durant, sa confiance et son militantisme dans une organisation, quand se sont créés des liens d’amitié et de solidarité dans les luttes syndicales et les épreuves, il est parfois difficile de remettre tout cela en cause, tant la crise fait mal, tant la désillusion et l’écœurement sont profonds.

Les directions des partis révisionnistes et réformistes estiment très bien cette déchirure et tentent de l’exploiter comme des petits épiciers. C’est pour cette raison qu’elles se sont toutes, sans exception, lancées à corps perdu dans la plus veule des calomnies sur notre compte, dans le but d’éviter le débat politique, de nous exclure de la réalité contemporaine du combat de classe ici, de casser toute potentialité de développement d’un processus révolutionnaire dans ce pays.

Cette misérable tentative contre la force de l’Histoire est impossible, perdue d’avance, et témoigne de la nature politique de ses auteurs.

Aussi, cette lettre adressée aux militants de base de PTB, nous l’écrivons pour tous les camarades sincères, pour tous les militants combatifs et dévoués à la cause du prolétariat, et particulièrement pour tous ceux qui n’osent pas encore imaginer jusqu’à quel point leurs organisations les trahissent, les méprisent de la façon la plus abjecte.

Puisqu’il est souvent plus explicite de démontrer l’esprit à partir des faits, nous allons nous pencher sur les nombreux articles qui, depuis le 10 octobre 1984 et dans le journal Solidaire, révèlent cette démarche de manipulation et expriment la position de la direction de PTB à propos de notre combat, de la lutte armée pour le communisme.

Mais pourquoi choisir Solidaire, quand nous savons déjà que PTB sautera sur l’occasion pour renchérir : « Le véritable but de la CIA derrière les CCC, détruire le PTB ...» ? En premier lieu, parce qu’il l’a déjà écrit et continuera à le faire indépendamment de notre volonté, mais surtout pour d’autres raisons plus sérieuses.

Il serait absurde de mettre dans le même sac PCB, PTB, ou la constellation familiale des petites sectes de séminaristes aigris de l’« ultra-gauche », même si, politiquement, nous n’avons affaire qu’à des comédies contre-révolutionnaires.

De la dégénérescence définitive du PCB s’est imposé, pour les petits-bourgeois réformistes ( et forts en gueule ), d’organiser de nouvelles structures vierges capables d’intégrer les poussées les plus violentes de l’antagonisme de classes, non pas pour les organiser dans l’offensive pour la dictature du prolétariat, mais au contraire, afin qu’elles ne débouchent pas sur la question d’une stratégie authentiquement révolutionnaire, authentiquement marxiste-léniniste.

Après de nombreux avatars tragi-comiques, PTB pouvait espérer avoir réussi son coup, en s’imposant par une intempestive agitation opportuniste aux quelques dernières sectes fantomatiques. Ce qui nous intéresse, et que nous allons démontrer, est que ce rôle global de direction qu’assume PTB dans l’encadrement et l’épuisement des éléments les plus combatifs du prolétariat l’a naturellement amené à prendre la direction de la kollaboration policière contre les Cellules Communistes Combattantes.

Enliser toute la force de l’antagonisme dans les sables du réformisme, briser dans l’œuf toute émergence d’un combat révolutionnaire prolétarien sous la direction marxiste-léniniste, telle est la fonction historique objective de PTB. Se drapant avec le plus d’outrecuidance, d’hypocrisie et d’impudeur, dans la pensée et les enseignements des grands révolutionnaires pour en falsifier les contenus avec le plus d’ardeur, PTB est le dernier garde-fou de la contre-révolution.

Ce n’est donc pas une fixation particulière qui nous pousse à analyser la prose de PTB, mais le contenu de cette prose au service du dévoiement de sincères militants ouvriers. Il faut reconnaître que PTB a laissé l’agitation des arrière-salles de bistrots aux « ultra-gauchistes », et répand son poison contre-révolutionnaire dans l’usine. Cela, pour nous, justifie aussi l’importance de cette réponse qui repose enfin, sur le fait que l’énormité abrutissante paraissant parfois, dans un premier temps, crédible face à une réalité dérangeante, des camarades égarés colportent encore les misérables ragots du PTB avec tout le dogmatisme requis.

C’est aussi à ces camarades là que les Cellules s’adressent, pour qu’ils comprennent le « sale boulot » qu’on leur fait faire et dont ils auront honte très vite. Premiers pas dans la reprise de l’offensive prolétarienne, la lutte que les. Cellules Communistes Combattantes ont engagée dans ce pays, aux côtés de tous les opprimés, balaiera les traîtres et les renégats à la cause des peuples.

Il ressort clairement, dès le premier article ( 10 / 10 ), qu’un grave problème se pose à PTB. Que faire devant l’initiative révolutionnaire ? Que faire pour briser cette lutte révolutionnaire ? À vrai dire, des deux questions, la seconde est pour PTB une question de survie, la finalité même de l’organisation. Nous devons croire que ces questions ont dû provoquer un fameux choc à la tête de PTB, car devant la surprise et l’impasse, il ne peut que laisser sa façade politique au vestiaire et ériger les imbécillités les plus calomniatrices en méthodes d’analyse et de pensée.

Après tout, quand le dogmatisme mystique de PTB à s’arroger le titre ronflant de « seule alternative révolutionnaire dans les domaines politique et organisationnel et dans la pratique » 1 s’effondre dans le ridicule face à la force de l’Histoire, il ne reste plus à ce parti qu’à réécrire le présent en espérant ainsi qu’il continue à cadrer avec ses rêves.

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que de faux partis révolutionnaires abandonnent l’analyse matérialiste historique quand celle-ci la confronte à leurs erreurs, à leur réformisme contre-révolutionnaire, et rejoignent le chœur des hyènes bourgeoises pour tenter de freiner la marche de l’Histoire.

Leur misérable sauve-qui-peut les dénonce aux yeux des masses et des avant-gardes qui s’en détourneront pour toujours.

Nous avons systématiquement, au cours de notre première campagne, envoyé à Solidaire tous les communiqués politiques de nos actions, comme nous le faisons pour l’ensemble de la presse. C’est donc en pleine possibilité de prendre connaissance de notre discours que PTB a décidé de nous combattre, dans un mauvais vaudeville, par le mensonge et l’ordure, armes bien connues des agents policiers.

Mais que PTB prenne garde ! La lutte des travailleurs et des communistes n’est pas un article de solde, et si ses journalistes s’imaginent encore longtemps salir impunément l’espoir de la révolution, il apprendra à ses dépens que pour nous Communistes Combattants l’organisation et le développement de la lutte de classe pour la victoire du prolétariat est une chose sérieuse, pour laquelle nous sommes prêtes à tous les sacrifices, mais aussi à la plus grande des fermetés. La lutte pour la libération des hommes et des femmes de l’esclavage du capital, pour la construction du communisme, n’est pas un gadget pour petits-bourgeois désœuvrés, et il n’est pas question d’en rire !

Venons-en aux faits. Le 10 octobre, Solidaire titre à la une : « Attentats provocateurs, derrière les CCC, la police et l’extrême droite ? ». Pauvre point d’interrogation, il n’aura pas la vie longue ! Dans un « éditorial », Walter Simons déclare : « Un bon nombre d’éléments indiquent qu’on se trouve en fait en face d’une provocation organisée par l’extrême droite et la police. » En fait d’éléments, Simons va nous faire part de ses angoisses en trois scénarios, nous allons les reprendre. Mais le ton est donné, maintenant il faut pousser la chansonnette. Au cours des semaines et des mois qui suivront — durant lesquels nous ne relâcherons pas notre offensive —, PTB chantera de plus en plus fort, de plus en plus faux, et marche à grands pas vers l’extinction de voix.

Le premier des « éléments » que nous sert Simons, et qu’il n’a d’ailleurs pas fini de nous rabâcher, est celui-ci : «  ... la bourgeoisie avait un besoin urgent de discréditer la gauche. Citons par exemple Gazet van Antwerpen où en peut lire, en substance, que les deux attentats de Bruxelles et les violences des contre-manifestants à la venue de Le Pen montrent bien que les extrémistes de gauche sont aussi dangereux que les extrémistes de droite ... » Puis il fait un petit tour de passe-passe pour conclure : « Il s’agit pour la bourgeoisie d’attaquer en premier lieu ceux qui voulaient s’opposer à la venue de ce néo-fasciste ... » Nous ne voyons pas très bien le rapport, mais nous pouvons tirer cette conclusion : Mr. Simons attache une grande importance aux jugements moraux de la bourgeoisie, leur reconnaît sans doute une valeur intègre et s’incline devant elle. Il doit certainement souhaiter qu’on lui décerne le titre de « non-violent et non dangereux ».

La question de savoir pour quelle classe une pratique politique est dangereuse, et contre quelle classe elle exerce sa violence, n’intéresse pas PTB. Ou plutôt, cette incapacité à se positionner d’un point de vue de classe révèle son réformisme crasse. Simons et PTB entendent mener la guerre de classe avec la considération bienveillante de la bourgeoisie et de Gazet van Antwerpen, auxquelles ils sont prêts à rendre pareille estime.

Mais cela n’est pas notre cas, et nous doutons très fort que les camarades qui se sont battus pour empêcher le fasciste Le Pen de parler ne soient pas de notre avis. Nous, en tant que communistes, nous nous battons pour que la politique et les forces prolétariennes soient les plus dangereuses et les plus violentes possibles dans l’attaque contre la bourgeoisie, car nous savons que sa dictature ne sera renversée que dans l’expression de la violence révolutionnaire de masses la plus radicale.

Donc, si Gazet van Antwerpen dit que les Cellules Communistes Combattantes sont violentes et dangereuses, nous disons qu’elle a tout à fait raison de son point de vue, que c’est pour cela que la bourgeoisie a peur de notre politique, que les travailleurs la considèrent avec sympathie, et que nous en sommes fiers.

Mais, paradoxalement, nous ne sommes pas en désaccord avec la formule de Simons : « Les actions des Cellules Communistes Combattantes discréditent la gauche. » Pourquoi ?

La question se pose de la façon suivante : auprès de qui les actions et la politique des Cellules discréditent-elles « la gauche », et pourquoi ? Voyons en premier lieu le point de vue de la bourgeoisie.

Ce que la bourgeoisie pense, quand elle est confrontée à l’émergence de la lutte prolétarienne, c’est que « la gauche » ( c’est-à-dire les organisations réformistes, PC, PTB, Ecolo ... ) n’est plus capable, dans la conjoncture de crise et de mécontentement, d’absorber dans une des variantes de son social-pacifisme les poussées révolutionnaires. Alors, en effet, le crédit que ces kollaborateurs ont gagné auprès des patrons en muselant le prolétariat dans la paix sociale, chacun à son heure depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, s’effrite, diminue.

Et comme quand la bourgeoisie ( qui s’y connaît en matière d’emploi ) a un mauvais domestique, elle le congédie, l’alternative pour « la gauche » est soit de redoubler de zèle au service de ses maîtres, soit d’ouvrir les yeux et de rejoindre les rangs de la révolution. L’histoire nous a montré que, dans l’écrasante majorité des cas « la gauche » choisit la première solution.

Maintenant, voyons le point de vue du prolétariat.

Quand en septembre 1983 les cheminots ont lancé le mouvement de grève nationale dans les services publics, ils n’ont pas demandé l’avis de leurs syndicats et n’ont pas attendu la directive d’un quelconque PTB. Toute l’histoire de cette dernière grande grève montre très bien que l’ensemble des travailleurs et des travailleuses n’ont plus aucune confiance dans la capacité et la volonté politique des syndicats ou des partis « des travailleurs » à les défendre.

Faute d’une alternative de lutte organisée et révolutionnaire, certains parmi les travailleurs combatifs en sont réduits à écouter le discours le plus radical, et sur cette absence objective d’une Organisation politique révolutionnaire et de sa direction, les réformistes les plus excités s’accaparent le drapeau rouge de l’avant-garde.

Aujourd’hui cette mascarade n’est plus si aisée, la situation est entrain de changer. Le combat et la ligne politique des Cellules Communistes Combattantes dénoncent les usurpateurs, les escrocs qui ont la révolution dans la bouche et la trahison dans les mains ! Le crédit illusoire dont, faute d’alternative révolutionnaire, les organisations réformistes mais braillardes jouissent parfois dans le monde du travail s’effondrera devant l’émergence d’une véritable, authentique et historique, politique révolutionnaire. Les Cellules Communistes Combattantes travaillent aujourd’hui à la construction de l’Organisation Combattante des Prolétaires guidée par le marxisme-léninisme.

Nous, nous sommes des communistes, notre intelligence collective est le marxisme, nous n’avons rien à voir avec les clowns de « la gauche », des démocrates bourgeois aux anarchistes. Qu’à ce propos, Simons et ses amis s’inquiètent de leur discrédit face à leur employeur ou face au prolétariat est certainement compréhensible, mais ne nous concerne pas.

Passons directement au troisième « élément » de Simons, parce qu’il est une parfaite illustration de ce que nous venons de dire : « La presse titrait la semaine dernière : Le mouvement anti-missiles discrédité. » Si la presse bourgeoise le titre, le rôle de Solidaire est de le répéter, cela on le savait déjà, et il faut à nouveau se poser les deux mêmes questions.

La bourgeoisie peut-elle encore faire confiance, et pour combien de temps, aux CNAPD et VAKA pour user les semelles de trois cent mille manifestants et leur bourrer la tête avec le crétinisme pacifiste ? Visiblement plus très longtemps, et Galand et Cie risquent de ne plus être aussi bien considérés dans les milieux atlantistes ... ce qui est leur problème.

Mais auprès des populations qui savent que l’implantation des missiles les rapproche de l’échéance de la guerre impérialiste et de son cortège de deuil et de misère, quel crédit peut encore avoir un mouvement politique dont l’essence même et la trahison des dirigeants sont évidentes dans l’échec ?

Aujourd’hui les 16 premiers missiles sont installés, les préparatifs de guerre s’accélèrent, et les CNAPD et VAKA portent la lourde responsabilité de cette défaite due à leurs tromperies répétées, leur pacifisme bourgeois, irresponsable et criminel.

Comment pourrait-on discréditer plus encore le pacifisme aux yeux des masses quand le fossoyeur Galand vient avec une impudence effrontée nous chanter qu’il n’est plus question de se battre contre l’implantation mais de lui faire confiance pour un retrait ultérieur ? Ce que tout le monde sait maintenant, c’est que le pacifisme et ses adeptes auront gain de cause un jour ... quand les missiles U.S. seront tirés vers la RDA, le pays sera dénucléarisé ... pendant quelques minutes !

Récapitulons à propos de ces deux premiers « éléments » qui nous lient de façon indiscutable à la CIA. Le combat politico-militaire des Cellules Communistes Combattantes discrédite aux yeux des masses les organisations réformistes et le poison social-pacifiste. Certainement ! Cela nous le revendiquons comme une force pour l’avenir aux mains des prolétaires. Ceux qui, comme PTB, s’inquiètent de cette clarification révolutionnaire et veulent préserver le crédit des intérêts et des idéologies bourgeoises au sein des masses sont des traîtres, des canailles petites-bourgeoises, et doivent être combattus comme tels.

Le second « élément » et le dernier de la trilogie annonce le grand classique de la bêtise et de la lâcheté : l’épouvantail de la répression. Ce 10 octobre, Simons fait encore preuve d’une certaine continence à ce sujet, mais vide quand même le fond de sa pensée : « Les attentats de la semaine dernière sont donc une occasion idéale pour révéler son existence ( le GIA ) au public. En fait ils légitiment son existence. »

On est en droit de se demander qui légitime l’existence de ce GIA auprès du public. Ne seraient-ce pas plutôt ceux qui consacrent leurs efforts à diffamer les révolutionnaires contre lesquels ce même GIA mène la contre insurrection, au lieu de dénoncer et combattre le terrorisme de l’État bourgeois ?

Pour les communistes révolutionnaires, le fait que la bourgeoisie reconnaisse entretenir une meute de chiens de garde n’a aucune espèce d’importance, ce qui a de l’importance, c’est l’existence de ces polices, leur fonction au service du capital et comment lutter contre elles. Voilà ce qui différencie ceux qui sont prêts à toutes les trahisons, toutes les lâchetés, dans l’espoir que la bourgeoisie ne doive pas « reconnaître » organiser des corps spéciaux de répression, et ceux qui n’ont pas peur de la vérité : l’émancipation des travailleurs impose, entre autres, l’anéantissement de ces crapules mercenaires d’État.

Ceux qui légitiment la répression bourgeoise en lui cherchant des causes extérieures à la nature terroriste de l’hégémonie de cette classe sont idéologiquement dans son camp. PTB qui s’inquiète de ce « qu’un piquet de grève puisse être pris pour un danger terroriste » indique qu’il a opté pour le camp de la bourgeoisie.

La semaine suivante, que nous avons mise à profit pour attaquer les centres des CVP à Gent et PRL / PVV à Bruxelles, nous a visiblement mieux réussi qu’à Simons qui a décidé « d’essayer d’assembler quelques pièces du puzzle ... » 2 et sic ! Il est certainement plus fidèle à la réalité de dire qu’il s’est armé d’un solide sécateur — qu’il n’est pas prêt de lâcher — et qu’il entend redécouper les pièces à sa façon. À partir de cet article, deux points sont évidents : WS / PTB n’imaginent pas ce qu’est une organisation révolutionnaire, et de surcroît les qualités particulières de la lutte politico-militaire les dépassent complètement — ce qui est facilement imaginable — nous y reviendrons plus tard.

Les deux caractéristiques les plus intéressantes de la cuvée de cette semaine sont liées à la politique de PTB. Et comme il va de soi que les Cellules ne sont pas vraiment en accord avec ces positions ... nous sommes des agents de la CIA, bon sang, mais c’est bien sûr !

Premièrement, PTB critique nos attaques contre l’OTAN ... qui feraient mieux d’être dirigées contre les forces du Pacte de Varsovie ! « Ce que l’on remarque tout de suite, c’est que la haine des CCC s’oriente exclusivement contre l’impérialisme américain. Ils ( c’est un comble ! La grammaire française dénonçant le sexisme ambiant : cellule est un féminin ) critiquent cet impérialisme uniquement au moyen des citations de Marx, Engels et Lénine, en dehors de tout contexte. »

Nous apprenons à cette occasion que pour PTB il y a aujourd’hui un « contexte » où les enseignements de Marx, Engels et Lénine ne sont plus appropriés à l’analyse de l’impérialisme. Ce n’est une nouveauté pour personne, ce parti, depuis sa fondation, est aussi atlantiste que le PS et anti-léniniste qu’il n’est possible de l’être qu’à la racaille social-chauvine.

Le « contexte » qui rend périmé le marxisme-léninisme accouche de ces inepties « pétébiles » : « L’URSS est devenu [e] le foyer de guerre le plus dangereux » et « Nous devons tenir compte de l’éventualité que le chemin vers la révolution socialiste passe par une période de résistance nationale contre une agression soviétique. » 3

Ce qui est révélateur de telles positions, c’est que contrairement à la trahison de la Seconde Internationale qui a attendu le début de la guerre de 1914 pour se démasquer, PTB n’attend même pas cette période de crise extrême pour sublimer son opportunisme en social-chauvinisme. C’est donc là une des leçons qu’il a retenue de Kautsky.

Pour les Cellules Communistes Combattantes, les enseignements de Lénine sont, par contre, toujours d’une grande pertinence. « C’est avec plus de joie encore que nous avons appris la diffusion en Allemagne de proclamations révolutionnaires illégales, comme par exemple L’ennemi principal se trouve dans notre propre pays ... Les social-chauvins reprennent à leur compte la mystification du peuple par la bourgeoisie, selon laquelle la guerre serait menée pour la défense de la liberté et de l’existence des nations, et se rangent ainsi aux côtés de la bourgeoisie contre le prolétariat. Sont des social-chauvins ceux qui justifient et exaltent les gouvernements et la bourgeoisie d’un des groupes des puissances belligérantes, ainsi que ceux qui, à l’instar de Kautsky, reconnaissent aux socialistes de toutes les puissances belligérantes un droit identique à la "défense de la patrie". » 4

Et Trotsky : « Comme la guerre n’est menée par aucun des deux camps pour la défense de la patrie, de la démocratie et de la culture, mais pour le repartage du monde et l’asservissement des colonies, un socialiste n’a pas le droit de préférer un camp impérialiste à l’autre. Complètement vaine serait la tentative de "dire, du point de vue du prolétariat international, celui des deux groupes de nations belligérantes dont la défaite serait un moindre mal pour le socialisme". Sacrifier, au nom de ce prétendu "moindre mal" l’indépendance politique du prolétariat serait trahir l’avenir de l’humanité. » 5

En considérant ces points de vue tellement élémentaires pour les marxistes, les Cellules mènent l’attaque contre la bourgeoisie exploiteuse des travailleurs de ce pays : l’impérialisme à dominante US ! En déclarant que le « contexte » rend caduques ces directives maintes fois vérifiées dans l’histoire, PTB falsifie l’analyse marxiste. Il faut reconnaître que le général Close, militaire de l’OTAN et sénateur PRL, président de la Ligue Mondiale Anti-Communiste, vous expliquera mieux que nous les positions de PTB sur l’impérialisme « soviétique ». Ses livres sont disponibles dans les librairies « Le Livre Rouge », où les brochures publiant nos écrits politiques sont interdites ...

La seconde caractéristique nous éclaire quant à l’absolu manque de confiance qu’a le « Parti du Travail » dans les masses laborieuses et leur jugement. Nous ne voulons, en aucun cas, tomber dans le piège idéaliste où s’ébat PTB, et nous ne dirons pas que spontanément les masses estiment tout avec la plus grande lucidité historique, en réponse au jugement de Simons selon lequel elles sont incapables de comprendre quoi que ce soit et rien à rien : « Les travailleurs ont peur pour leur avenir. Ils ont peur du chômage. Ils ont peur des menaces de guerre. Cette crainte ouvre les yeux des travailleurs qui voient de plus en plus le caractère du capitalisme. C’est pour éviter cette prise de conscience que la CIA lance, au moyen des médias, des hommes politiques de droite et des provocations fascistes ... la bande du Brabant Wallon, certaines excitations dans les stades de football, les attentats des CCC, voilà les agissements des flics et des fascistes ... »

Anecdote : nous avons gagné d’un côté ce que nous avons perdu de l’autre. Ce que nous avons gagné : cet article a éclairé notre lanterne sur une question qui nous turlupinait depuis assez longtemps ; nous n’avions jamais compris cette affiche de PTB : «  ... le fascisme tue », citant en exemple les agissements de cette « bande du Brabant wallon ». C’est chose faite maintenant, si l’on écoute PTB, la délinquance sociale et le banditisme sont orchestrés par le service « action » de Lord Carrington, et Michel Cocu est — au bas mot — 007 ( il fut flic dans sa jeunesse, ce doit être une continuité ). Bien. Ce que nous avons perdu : Si « pour éviter cette prise de conscience [ la nature du capitalisme ] la CIA lance, au moyen des médias, des hommes politiques de droite ... » pourquoi PTB appelle-t-il à manifester contre la venue de Le Pen ? Pour égarer les travailleurs ?

Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Soyons plus sérieux. Il est vrai que les travailleurs et les travailleuses éprouvent une grande et légitime inquiétude quant à leur avenir. Il est vrai surtout que cette inquiétude n’est pas passive, un fort sentiment de mécontentement se développe parmi la population qui comprend, parce qu’elle le vit objectivement, que la crise est produite par la gestion de l’économie ( par exemple fermeture de Valfil, outil de parfaite production ) et que cette gestion est contraire aujourd’hui même à leurs intérêts immédiats.

Ce mécontentement, cette potentialité de lutte prolétarienne, la bourgeoisie tente de l’égarer sur d’odieuses voies de garage : le nationalisme, le racisme, le pacifisme etc.  La tâche des communistes révolutionnaires est de se battre aussi à ce niveau-là, pour contrer ces manœuvres et diriger la force de l’antagonisme contre le véritable ennemi : la dictature bourgeoise.

Si la bourgeoisie dit que les travailleurs immigrés sont responsables du chômage, les communistes, aux côtés de leurs frères de classe, doivent dénoncer et combattre le racisme, unir les prolétaires dans une même lutte internationaliste.

Si la bourgeoisie dit que les missiles sont là pour défendre « le monde libre et la démocratie » contre l’URSS, les communistes doivent proclamer bien haut — et organiser le prolétariat sur cette vérité — que la démocratie bourgeoise veut dire l’exploitation des travailleurs et la guerre impérialiste, que les ennemis de la classe ouvrière, ici ou en URSS, sont les patrons et non leurs frères de classe.

Si la bourgeoisie déclare que la délinquance sociale et le banditisme se développent, et qu’elle appelle, sur ce constat trompeur, les populations à collaborer avec sa police, les communistes doivent démontrer que la délinquance sociale et le banditisme sont des produits objectifs de la société de classes, que les premiers voleurs sont les patrons, et que l’on ne se débarrassera de tous ces parasites réunis qu’en se débarrassant du capitalisme.

Si la bourgeoisie tente de manipuler l’opinion publique en disant que les actions des communistes révolutionnaires seraient un danger pour les populations, tous les camarades sincères doivent combattre vigoureusement ces calomnies en démontrant, à partir des faits et du projet historique, que les actions des Cellules Communistes Combattantes sont un danger pour la bourgeoisie et une force pour l’avenir de la classe ouvrière.

Voilà des pratiques bien claires qui démontrent qui est dans quel camp ! Quand PTB se fait le relais de l’idéologie bourgeoise dans le monde du travail, il n’indique que son souverain mépris pour l’intelligence combative des masses qui ont pu constater objectivement qu’elles n’avaient rien à craindre de notre lutte, et qui ont alors accueilli notre première campagne avec une sympathie à la mesure de leur espoir.

La même semaine, et quelques pages plus loin, Hugo Verwimp assure la relève. Il nous relate un « collage » PTB qui se termine au commissariat de police : « Alors que les flics voyaient manifestement qu’il s’agissait d’une simple action de collage, ils ont traité nos camarades comme les plus dangereux poseurs de bombes des C.C.C … les attentats des CCC, voilà un très bon mobile pour Gol et compagnie. »

Voilà surtout un article aussi éloquent que méprisable ! Il exprime la revendication « pétébesque » du droit à la « paix militante ». Verwimp quémande, comme une lavette, à la police de Nothomb, 2 poids et 2 mesures : une pour les communistes révolutionnaires et une autre pour les démocrates de PTB. Cela indique jusqu’à quel point ce « militant » sait que les pratiques de son « parti » sont plus vaines que réformistes pour oser revendiquer la clémence et la miséricorde de l’ennemi de classe !

Mais cela nous serait encore parfaitement égal si, dans l’esprit de la même lancée, il ne cautionnait pas la terreur bourgeoise contre les révolutionnaires. Car l’esprit de cette phrase est bien celui-là : PTB ne critique pas la brutalité policière bourgeoise, il critique qu’elle se soit trompée de cible ! Il légitime la torture et l’assassinat pour les révolutionnaires ( comme c’est la situation actuelle en Italie, en Turquie, en Irlande, en Espagne, en République fédérale, en Grèce, au Portugal ... ) en traitant avec les flics pour sa « liberté d’expression » en système bourgeois.

La presse nous a appris que quelques personnes ont été dernièrement victimes de fusillades ( tentatives d’assassinats ) et de brutalités ( tortures au siège de la gendarmerie, rue de Louvain ). Il est tout naturel pour PTB d’éructer que le combat des Cellules Communistes Combattantes porte la responsabilité de ces actes du fascisme policier. Nous n’avons qu’une seule question, et qui pour nous a le sens de la vie, à poser aux militants de PTB : le lundi 16 janvier 1961, les gendarmes ont tiré sur un meeting ouvrier à Chenée. Ils ont tué un ouvrier gréviste, Joseph Woussen. Par qui ce camarade a-t-il été assassiné ?

Quand un de nos militants, un camarade, se fera tuer dans la lutte, que PTB — « l’ennemi le plus dangereux du capitalisme » 2 — ait l’élémentaire décence d’économiser sa gerbe et ses pleurs. Notre haine n’est pas moins grande contre les charognards qui encouragent l’assassin que contre le flic décoré pour son fait d’arme. Notre mémoire sera sans faille.

Et nous en arrivons à la grande rafle policière du 19 octobre. Il est inutile de revenir longuement sur cette journée que nous analysons dans « Réponses concrètes à des questions concrètes ». Pour information, citons simplement le gracieux titre de Solidaire qui fait preuve d’une orthodoxie kollabo : « Opération mammouth :1ère victoire des CCC » ... il faut croire que nos cinq premières actions de la campagne étaient des défaites ... on a les références que l’on veut. Nous supposons aussi que pour PTB, l’assassinat par les nazis d’otages résistants suite à l’action du colonel Fabien était la première victoire de la résistance communiste. Et nous sommes surpris que, quand quelques semaines plus tard, plusieurs militants des maisons médicales se font interpeller, Solidaire ne titre pas à cette occasion : « Nos médecins en prison, 36e victoire du Parti du Travail ». Ce serait pourtant d’une élémentaire logique.

Rappelons brièvement notre analyse de la rafle du 19 octobre. La rafle fut organisée dans le cadre des recherches policières contre les Cellules Communistes Combattantes, c’est-à-dire que c’est la qualité politique de la lutte des Cellules qui a provoqué cette clarification de la dictature bourgeoise. Cela est un fait objectif, et même si nous savons que cette clarification a un effet mobilisateur, elle ne représentera jamais un axe stratégique pour des révolutionnaires. La tâche des révolutionnaires est l’éducation et l’organisation du prolétariat pour sa dictature de classe. Cette lutte radicalise l’antagonisme et induit automatiquement l’exercice du terrorisme bourgeois à travers ses corps policiers et militaires. La seule position révolutionnaire face à ces données est l’organisation de forces supérieures, politiques et militaires, dans le camp des exploités.

Les résultats, ou plutôt les leçons que l’on peut tirer ce cette rafle sont la vulnérabilité totale des organisations petites-bourgeoises dont toutes les structures peuvent être paralysées et contrôlées par les flics dans des délais très brefs ... ce qui est un problème plus politique qu’organisationnel, le second découlant du premier. Ceux qui prient la sainte démocratie n’ont même pas l’excuse de l’ignorance du culte de l’avion-cargo, ils rejoignent le camp de la bourgeoisie et.collaborent à sa domination. Quand les libertaires de la PME 22/3 ont le culot de s’interroger, au cours d’une conférence de presse publicitaire, de l’usage qui sera fait des 3000 adresses saisies dans leurs fichiers, ils ne témoignent que de leur bonne conscience d’auxiliaires BSR.

Dans ce même numéro de Solidaire du 24 octobre, après une participation active de PTB au chœur des pleureuses, Simons, qui a mis le temps, a trouvé un bon filon qu’il va exploiter en plusieurs étapes et dont il nous donne déjà un avant-goût, l’air de ne pas y toucher.

« Canada 1970 ... le groupe terroriste était composé de flics ! Qui se cache derrière les groupes comme C.C.C. ? ». En quatre colonnes, W.S. récapitule sa version de l’histoire du Front de Libération du Québec qu’il semble avoir découverte dans le livre « Terrorisme : l’occident riposte » ( un programme ! ! ) dont il qualifie les auteurs, Dobson et Payne, « d’inspirés par la CIA et ardents partisans de Reagan ». Cela n’est pas une contradiction pour Simons, nous en ferons un récapitulatif à latin de cette lettre, la totalité de ses sources tient entre les flics et la Dernière Heure quand ce n’est pas Pourquoi Pas ? ! Sa performance est encore plus délicieuse : il ne réussit à y lire que ce qui l’intéresse pour illustrer ses délires.

Et ensuite, si même le Front de Libération du Québec en 1970 était infiltré ou organisé par des flics, en quoi cela nous concerne-t-il ? Quel rapport, quel intérêt — autre que celui de calomnier les Cellules — y a-t-il dans cet amalgame ? Si même encore PTB voyait dans ses hallucinations une unité politique, des revendications communes au FLQ et aux Cellules ... Mais non, ce n’est même pas le cas, c’est creux comme un bambou et seul le titre compte : « Les flics derrière le FLQ. Qui derrière les C.C.C. ? ». Voilà la façon dont PTB conçoit l’analyse politique. Est-ce que les lecteurs de Solidaire ne lisent que les titres ?

Nous allons refiler un bon tuyau à Simons. Dans son édition du 29 janvier 1985, le journal Le Monde publie en page 4 une information relative à l’infiltration des « Verts » berlinois par quelques néo-nazis. Quand PTB en aura marre de danser le tango avec l’écolo Deleuze, voilà une bonne occasion d’en faire un nostalgique du troisième reich.

Le plus intéressant à souligner est que trois semaines après l’engagement public de notre combat politique, la rédaction de Solidaire est toujours en mal d’une critique politique de cette lutte révolutionnaire et patauge à la recherche d’une ficelle de France Dimanche. Cela révèle une « identité » politique toute particulière !

L’édition du 31 octobre sera un remake de « Sortez vos mouchoirs, la gendarmerie n’est pas celle que l’on croyait ... et c’est tout la faute aux CCC ». Pourtant, une phrase vaut la peine que l’on s’y attarde : « De cette façon, les entraînements anti-terroristes de l’ESI servent directement à la répression du mouvement ouvrier. »

En voilà une surprise ! Mais à quoi donc sert la gendarmerie, sinon à la répression du mouvement ouvrier ? Quand en 1973 sont créés l’ESI et la Brigade Diane, Simons croit-il que c’est une opération de prestige ? La question est que, dans les faits, PTB est incapable de comprendre et de réaliser, est que quand la lutte prolétarienne se développe en posant la question du pouvoir de classe, la bourgeoisie range l’État démocratique au placard et se dévoile comme ce qu’elle est — et a toujours été — une dictature sans partage. Bien sûr il est plus facile de reconnaître cela dans les livres en se disant que c’est ... pour plus tard.

Que les flics aient prétexté de notre première campagne pour réaliser 150 perquisitions simultanées ou presque, ne confirme que ce que nous savions et en fonction de quoi nous nous sommes organisées : ils y procèdent chaque fois qu’ils en ont le besoin. Pourquoi les flics s’intéresseraient-ils aux libertaires ou à PTB en d’autres temps alors que ceux-ci ne demandent que la paix sociale, une place au soleil des subsides culturels ou un balcon parlementaire ?

En ce qui nous concerne, ces 150 perquisitions ne nous arrêteront jamais dans notre décision de combattre. Quand nous regardons l’histoire, nous voyons que chaque fois que le mouvement révolutionnaire s’est lancé dans la bataille, il a été confronté à la bestialité la plus effroyable de la violence policière vis-à-vis de laquelle ces 150 perquis n’ont vraiment pas grand poids !

Nous ne voulons pas masquer cela, cacher cette réalité aux travailleurs. Nous savons, parce qu’elle l’a souvent démontré dans l’histoire, que la classe ouvrière est capable d’un immense héroïsme et de grandioses sacrifices, mais surtout de notre plus grande humanité qu’est la violence la plus radicale contre les exploiteurs.

La démocratie est moribonde parce que la crise économique radicalise l’antagonisme de classes. Les forces militaires de la bourgeoisie s’entraînent en prévision de cette imminente confrontation ? Les communistes révolutionnaires n’ont qu’une tâche : organiser politiquement et militairement le prolétariat dans l’initiative offensive, pour qu’au paroxysme de la confrontation entre exploiteurs et exploités, entre le vieux monde et le nouveau monde, l’écrasement total des forces bourgeoises ouvre enfin les portes de notre futur. Une autre conception est en dehors de l’Histoire ou est celle de l’ennemi.

Le 7 novembre, revoilà Simons et sa ficelle. On se souvient tous, très facilement, que le FLQ était infiltré jusqu’aux yeux ... et bien, idem en République fédérale : « La police d’Allemagne fédérale engage elle-même des "cellules révolutionnaires". »

Mais, avant tout, nous voulons souligner l’aveu qui perce dans le chapeau de l’article : « N’est-il pas commode de qualifier les attentats des CCC de provocations policières ? Cette question nous a été posée à plusieurs reprises ... »

Il est certainement plus juste de dire que cette question élémentaire et fondée est dans la tête d’une grande majorité des militants de PTB qui en ont marre d’être pris pour des cons par leur direction. Des militants ont déjà quitté le « parti » sur cette question, d’autres ont résilié leur abonnement à Solidaire-confidences dont pas mal d’exemplaires finissent dans les poubelles avec leur bande d’envoi.

Plutôt que de se livrer à une saine pratique d’autocritique, ce qui est une force de communiste, les petits chefs de PTB s’enferreront dans leur haine de la lutte révolutionnaire pour le communisme, et plus rien ne les arrêtera dans l’abjection.

Revenons à la ficelle de Simons : il faut rappeler qu’il existe en RFA, depuis 1972, une organisation de lutte armée anti-impérialiste qui se dénomme « Revolutionäre ZelIen ». Cette organisation mène aujourd’hui de nombreuses actions contre les forces de l’OTAN en RFA. Quand, dans nos communiqués, nous faisons références aux actions des « Cellules Révolutionnaires » à Mayence, Dusseldorf ou Lorch, aucune incompréhension n’est permise, nous parlons de « Revolutionàre Zellen ».

L’article de Solidaire va alors exploiter la consonance entre le nom de l’organisation « Cellules Révolutionnaires » et une soi-disant cellule révolutionnaire ( ici un substantif et un adjectif usuels ) montée par des flics ! Solidaire écrit : « Dans l’article ci-contre, on peut voir comment certaines cellules révolutionnaires sont mises sur pied [ par la police ]. Comparaison n’est pas raison, mais on est en droit de se poser la question : même tactique, même infiltration ? »

La seule question que l’on est en droit, et surtout en devoir de se poser, concerne « la morale révolutionnaire » des individus qui se vautrent dans de telles pratiques ordurières. Est-ce de ces « qualités » là que PTB craint d’être discrédité par notre combat ?

Mais nous serions naïfs de croire que PTB était descendu au plus bas. Il fera encore nettement mieux par la suite, et pour ne pas être en reste, directement dans le no 46 du 5 décembre, sous le titre : « Les frères C., WNP et CCC même combat ? »

Le lundi 5 novembre, suite à la rafle du 19 octobre, s’il faut en croire la presse, les flics lancent un avis de recherche contre le militant communiste Pierre C. Dans Solidaire : « Cet imprimeur de St Gilles, n’est pas inconnu des démocrates et progressistes bruxellois ... son itinéraire politique est pour beaucoup la preuve qu’il serait bien plus qu’un témoin. » Mais ce n’est pas tout : « Chose troublante, Pierre C. a un frère, Louis, fasciste notoire. » Le « Parti du Travail » va pouvoir donner toute sa mesure : sur base d’une accusation policière, à laquelle se greffe une fraternité détestable, ses fins limiers passent à l’attaque ... « CCC = WNP ». On a définitivement déserté France-Dimanche et mis plein cap sur Qui ? Police !

Qui ? Solidaire-police entendra apporter sa petite collaboration à l’avis de recherche, et même si son tirage est loin d’égaler celui du Soir, c’est sans fausse modestie et de bon cœur qu’il imprimera, en première page, la photo du militant recherché. Ensuite, après avoir cautionné l’attaque policière contre un militant communiste ( Pierre C. = CCC ), après l’avoir injurié en le liant à un individu dont il doit être honteux de porter le même nom, Solidaire — avec l’aide de Pourquoi Pas ? — va réécrire sa vie pour nous injurier à notre tour.

« Le 15 septembre [ 1984 ], la police annonce l’arrestation imminente de militants bruxellois ». Si la police le dit ... pour PTB, c’est que c’est du solide ! Si la police ne dit pas de quels militants il s’agit ..., c’est ennuyeux mais ... alors ... rien n’indique qu’il ne s’agit pas de Pierre C. ! Cela s’appelle l’inexorable PTB-CQFD.

Déduction oblige, si personne n’est arrêté suite à cette déclaration, ce n’est certainement pas parce que la police raconte des vannes, c’est parce que « les auteurs des attentats ( qui n’ont pas encore eu lieu, détail sans importance ) profitent de protections particulières de la police ».

La preuve ? Elle est en noir sur blanc dans Pourquoi Pas ?, qui nous parle de Pierre C. : « Ce brave militant avoué de la déstabilisation à tout prix, ne fut jamais inquiété. » Voilà réunis les ingrédients de base pour la bonne soupe, mais attention, n’oublions pas le fameux Louis, ajoutons une bonne rasade de Latinus-Haquin-je-vends-mon-bouquin, saupoudrons de Gardiner-CIA ( il ne faut jamais oublier la CIA, sinon la soupe est fade ) et concluons sans crainte : « Bien sûr, nous n’avons pas la prétention d’avoir fait la lumière sur toute l’affaire », mais la Vérité est en première page, en lettres de 12 mm, les Cellules Communistes Combattantes sont des néo-nazis.

Faut-il croire que la crise devait être sérieuse dans le « parti » après notre attaque contre la base de Bierset et notre dénonciation du pacifisme, pour qu’il se corrompe et se ridiculise dans d’aussi écœurants romans policiers, dans d’aussi grossiers mensonges, et par le colportage des insanités policières sur le compte du militant communiste Pierre C.

Le 11 décembre 1984, les Cellules attaquent simultanément, et en six lieux du pays, le réseau des pipe-lines de l’OTAN. Dans un premier temps, cette « stupéfiante démonstration de force » surprend les médias bourgeois. Mais, après quelques jours d’enquête, il apparaît que les chambres à vannes que nous avons attaquées sont facilement localisables et accessibles.

Le 19 décembre, Solidaire n’a pas encore compris cela ( et surtout ne veut pas le comprendre ) et il titre : « CCC : la piste de l’extrême droite est confirmée ». Nous ne pouvons que rappeler la confirmation dont il s’agit : « La réalisation parfaite des attentats et le fait que les CCC connaissent des secrets militaires indiquent la responsabilité de l’extrême droite et la complicité de militaires. L’hypothèse de Solidaire de plus en plus confirmée. »

Il faut, en premier lieu, s’arrêter à cette dernière phrase. PTB revendique la direction de la campagne de calomnies policières contre nous. Sans craindre d’exagérer, on peut dire que devant la clarté de nos actions et leur contenu politique, PTB comprend l’urgence d’enrayer l’immense sympathie que nous témoignent les populations, et qu’il a un rôle plus grand encore à jouer dans ce sens. À partir de nos actions contre les pipe-lines, et leur succès, PTB prend la tête de la guerre psychologique contre les Cellules et entend bien conserver ce dangereux privilège.

Nous ne reviendrons pas ici sur la stupidité des « secrets militaires », aujourd’hui même un âne en rirait ! Plus important est de souligner, dans cet article de Simons-la-médiocrité, l’absolu manque de confiance qu’a PTB dans les possibilités de se battre et de vaincre. Concrètement, Simons nous dit que réaliser une attaque aussi offensive et incisive contre l’OTAN est inaccessible pour les communistes révolutionnaires. Sa myopie politique et son pacifisme crétin l’empêchent de comprendre que rien n’est impossible, que tout peut s’apprendre, s’engager et se mener à terme quand la décision politique l’impose en adéquation avec l’Histoire.

Mouton promis à l’abattoir, l’esprit et l’audace du combat communiste effrayent à tel point PTB, qu’il ne peut voir plus loin que sa misère d’éternel vaincu. Dans « La morale révolutionnaire », le même PTB déclare sans gêne : « Seul un moral de fer que rien ne vient entamer nous permettra de vaincre les difficultés inévitables, de trouver les solutions qui s’imposent, de nous rendre maîtres de la situation ... » Nous avons là, une fois de plus, l’exemple évident que pour PTB les bonnes paroles sont plus à leur place dans les livres que dans la pratique.

Le combat objectif montre que les Cellules Communistes Combattantes ont ce moral de fer et que la direction de PTB a un moral en papier mâché ! L’avenir appartient à ceux qui ont ce moral de fer, la première averse liquéfie les seconds.

Dans ce même numéro, mais dans un autre article, Simons ( ? ) peaufinera définitivement la manipulation des lecteurs en ce qui concerne les « Cellules Révolutionnaires / Revolutionäre Zellen ». Mais il ne prendra même plus la peine de tromper les gens sur la consonance des mots, on peut lire texto que deux néo-nazis ont été arrêtés au sein des « Cellules Révolutionnaires » ... et tirer l’échelle. Mais que ceux que l’incrédulité fait douter de ce que nous dénonçons relisent ces numéros ! Quant aux autres, qu’ils ne s’emballent pas, le plus grave est encore à venir.

Comme nous l’avons déjà souligné, après trois mois d’intox journalistique et policière contre notre combat, l’ensemble des médias bourgeois n’arrive pas à nous couper de la sympathie des populations, Il faut aussi savoir que pour être crédible dans l’opinion publique, les grands médias ne peuvent nier trop brutalement l’évidence que leurs lecteurs et auditeurs perçoivent concrètement au quotidien, et qu’ils ont été obligés, par la clarté de notre politique et des objectifs choisis dans notre première campagne, de faire marche arrière dans les mensonges les plus grossiers.

Cela n’est pas une victoire définitive ! La presse bourgeoise ne prend du recul que pour mieux sauter. Cela veut dire qu’à l’avenir ses attaques diffamatoires contre nous seront plus subtiles, plus perfides, plus dangereuses car moins évidentes.

Pour Solidaire et PTB, par contre, cette démarche de souplesse est impossible parce que notre lutte provoque une crise directe dans le « parti », et qu’il faut y répondre sans retard. Répondre politiquement à cette crise est impossible puisque notre combat politique dénonce justement l’escroquerie de PTB en tant que fonction contre-révolutionnaire. Notre combat démontre l’inadéquation totale qu’il y a entre les prétentions de PTB et sa pratique objective, entre le marxisme-léninisme et le réformisme petit-bourgeois.

Voilà pourquoi, trois mois après notre apparition en tant que forces politico-militaires constituées sous la direction marxiste-léniniste, PTB n’arrive pas à ses fins et ne peut abreuver ses militants que de mauvais polars.

Une seule et ultime tentative, jetée aux militants comme une bouée de sauvetage, verra le jour. Le 31 décembre 1984, prenant appui et élan sur le tas de fumier conchié par Simons et Cie, le « Bureau Politique du PTB » se fend d’une résolution : « CCC, prononcez CIA ».

Une sereine lecture de cette « résolution » démontre que de ce fatras, seul le quatrième et dernier point est à prétention politique. Le reste n’est qu’une réécriture-digest des hallucinations de Simons, à quelques variantes près. Repassons tout cela en revue.

1)         « Les CCC sont une création policière. » Voilà la bible de PTB : « Les CCC ont surgi du néant ... depuis 1968, les camarades qui ont créé le PTB ont discuté et travaillé avec tous les militants belges se réclamant du marxisme-léninisme. Il est exclu que nous ne connaissions pas les CCC s’ils avaient la moindre origine marxiste-léniniste. »

Il est certainement fort exact de dire que PTB et ses petits chefs ont rencontré beaucoup de monde depuis 1968 ... et en ont fait travailler tout autant ! Véritable moulinette à militants, TPO puis PTB ont épuisé et dégoûté de nombreux camarades sincères et pourtant fort attachés aux principes du marxisme-léninisme. Mais l’auto-satisfaisante cécité qui égare aujourd’hui ce bureau politique le heurte à une réalité objective inacceptable — et pourtant tellement évidente — : depuis des années déjà un fossé définitif s’est creusé entre PTB et les exigences de la lutte révolutionnaire, de la lutte d’avant-garde pour le communisme.

Depuis des années déjà, sur base des expériences, des victoires mais aussi des défaites, des progrès du mouvement internationaliste et des exigences du combat de classe ici, les communistes révolutionnaires se sont détachés de PTB ou ont appris à le considérer comme une clique réformiste et révisionniste petite-bourgeoise dont il faut se méfier comme de la peste policière.

Et c’est une évidence maintenant, de ce lent mûrissement qui a mené à notre première campagne politico-militaire, PTB était exclu. Aujourd’hui, à son plus grand regret policier, il est incapable de nous vendre aux flics ou de nous désarmer, faute d’avoir pu nous paralyser préventivement. Notre estimation des forces et des potentialités révolutionnaires d’un côté, des forces contre-révolutionnaires de l’autre, dans ce pays, s’est révélée exacte et nous avons eu raison d’agir comme nous l’avons fait.

La crasse profonde du légalisme réformiste dont Simons se faisait le porte-parole le 17 novembre, lui interdit même d’imaginer ce que doit être la structure clandestine de la lutte armée révolutionnaire, ce que sont les tâches organisationnelles que doivent résoudre les communistes qui engagent la lutte et entendent que les masses la mènent jusqu’à la victoire, c’est-à-dire s’affrontent et s’affronteront jusqu’au paroxysme de la bestialité bourgeoise, lui interdit enfin de comprendre que nos militants, et tous les camarades de bon sens, se méfient autant des inspecteurs de PTB que de ceux de la sûreté de l’État ou de la police judiciaire.

On peut ici ouvrir une parenthèse : Mais que font les inspecteurs de PTB à fouiner dans l’extrême gauche, alors que si on les écoute notre matrice est le « Front de la Jeunesse » ? Nous savions déjà que Sherlock Simons avait perdu le nord, mais de là à confondre les bistrots marginaux et le pèlerinage à la tour de l’Yser, il y a comme une anomalie.

Le fond de cette question est que PTB dans son enquête est aussi coincé que les flics aujourd’hui ( le problème est que l’on ne peut pas imaginer de développement du combat révolutionnaire sans que la répression ne marque certains points, tandis qu’on peut très bien imaginer la disparition de PTB ). Cette « résolution » poursuit : « Après trois mois et douze attentats, malgré une chasse de toutes les polices d’Europe, on n’a encore aucune trace des auteurs. Il faudrait en conclure qu’il s’agit de " marxistes-léninistes " qui ont été clandestins depuis le début de leur activité politique, ce qui est impossible dans notre pays. »

Une fois de plus, et comme toujours, PTB expose sa grande confiance dans les investigations policières et son manque de confiance dans les capacités, l’intelligence et l’imagination, l’expérience et la vigilance, et surtout la détermination des révolutionnaires. Nous disions dans le communiqué de l’action contre le SHAPE à Sint-Stevens-Woluwe que « la gauche » ne pouvait plus définir son identité qu’à travers les défaites, et bien c’est exactement de cela dont il est question ici : PTB n’a pas la moindre confiance dans l’avenir de la lutte de classe et l’inexorabilité de la victoire prolétarienne. Il ne comprend plus rien à rien quand il s’agit d’empoigner les armes de la victoire plutôt que se coudre un crêpe de deuil.

Un autre volet de ce premier point : « Les CCC font preuve de connaissances techniques perfectionnées ... Ils ont utilisé une combinaison d’explosifs qui n’est employée qu’à l’armée ... la connaissance et l’utilisation du jargon militaire ... pourrait s’expliquer par leur appartenance à des milieux militaires. »

Tout cela est éminemment politique comme analyse ! Les connaissances s’apprennent dans les livres et auprès des camarades qui ont cette expérience de par la lutte qui se mène dans leur pays où l’affrontement militaire est nettement plus élevé qu’ici, auprès des camarades travailleurs des carrières, et enfin s’originalisent — avec prudence ! — selon notre imagination.

Ce que l’on peut percevoir de cette position de PTB, et qui doit réjouir les milieux policiers, est que la question de l’armement en général n’a jamais été posée ou débattue au sein de PTB, sans quoi il éviterait de se ridiculiser de pareille façon.

Nous avons déjà expliqué — c’en devient lassant — que tout l’explosif utilisé durant cette première campagne provenait des carrières de Scoufflény, et le jargon militaire dont nous sommes si friandes, est imprimé sur tout l’équipement du milicien et tient en trois lettres : ABL ! Franchement, dans Le Lotus bleu, Milou fait preuve de plus de perspicacité que les Dupond-Dupont du « Bureau politique du PTB ».

Et pour terminer ce premier point qui est censé, rappelons-le, vous éclairer sur notre généalogie policière : « Enfin, l’apparition soudaine des CCC ne rime pas du tout avec la conjoncture politique actuelle dans notre pays. » Laissons PTB répondre tout seul à cette élucubration : « Pour la nouvelle génération de gauche de 1968, la nécessité de la révolution était une conclusion de discussions idéologiques. En 1983, on sent et on voit que la révolution découle de l’appauvrissement, de l’exaspération et de la misère d’une grande partie des travailleurs et on voit que la bourgeoisie monopoliste prépare et équipe ses troupes de choc pour une répression impitoyable .» 6

Il semble donc, si l’on comprend bien le sens très juste de cette réflexion, que les Cellules Communistes Combattantes marchent dans le sens de l’histoire, et que PTB entend le remonter à contre-courant, ce qui est un exercice aussi périlleux que suicidaire. Il nous en donne une confirmation à la ligne suivante : « La tendance actuelle est plutôt à la montée de la droite et à la capitulation devant cette droite dans les rangs de la gauche petite-bourgeoise ... »

L’élémentaire honnêteté nous impose de reconnaître à PTB cet aveu de sincérité. Voilà le bilan, l’histoire de TPO / PTB depuis 68, et voilà son projet historique : la capitulation ! La question ne se pose pas pour ces éminents matérialistes de concevoir l’analyse de la situation à partir des conditions objectives, c’est-à-dire aussi à partir des forces révolutionnaires et leur développement, ils ne peuvent l’élaborer qu’à partir de leurs fantasmes d’éternels lessivés. Décidément la morale d’esclave du judéo-christianisme n’a pas fini de faire des ravages et supplante toujours le matérialisme historique et dialectique à la tête du « Parti du Travail ».

Si PTB souhaite que l’heure soit à la défaite, c’est son problème, mais qu’il n’encombre pas alors le terrain de la lutte de classe. Pour nous, communistes révolutionnaires, comme pour l’ensemble des avant-gardes ouvrières, l’heure est à la reprise du combat et non à l’attentisme désespéré.

2)         « La campagne des CCC est mise sur pied par les services secrets américains avec l’aide de l’extrême droite belge. » Paf ! Rien de moins ! Et sur quoi repose cet évangile ? Sur notre sournoise campagne anti-impérialiste dont les véritables buts sont « criminaliser le mouvement pacifiste » afin d'en « détourner des fractions proches de la majorité gouvernementale, comme l’ACW, qui s’opposent aujourd’hui à l’implantation des missiles ». Le tout se lit sur fond « d’une politique trop indépendante de certains gouvernements en Europe occidentale ». Nous croyons que PTB range le gouvernement belge parmi ceux-là.

Ce second point dénonce l’idéalisme politique dont PTB est champion. L’histoire de ces derniers mois n’a fait que confirmer la justesse de toutes les analyses de nos communiqués quant à l’intérêt et la confiance que l’on pouvait accorder aux shows démocratiques et parlementaires sur la question de l’organisation de la guerre impérialiste, et en conséquence sur la question de l’implantation des missiles US. En clair, nous avons posé la question de l’implantation des missiles d’un point de vue de classe, en la replaçant dans le cadre global de la lutte anti-impérialiste.

PTB, toujours lui, écrit en 1979 : « Le parlement, une façade pour les véritables détenteurs du pouvoir. Quand les décisions fondamentales doivent être prises au parlement, les solutions sont élaborées, pesées et fixées dans les milieux des banques et des grandes entreprises. Le parlement est une institution bourgeoise, une façade qui ne dispose pas du pouvoir réel. » 7

Mais quand il s’agit de considérer le choix d’une stratégie de lutte à partir de cette donnée bien concrète, et de l’appliquer, PTB ne peut se dégager de son réformisme et de sa grande confiance dans le parlementarisme bourgeois. Il déclare alors que la lutte révolutionnaire brise les possibilités de défendre les intérêts des travailleurs via le parlement, et nie que les directions syndicales sont à la solde du capital !

Pour couronner sa débandade démocratique, ce « bureau politique » rappellera l’action menée par ETA contre les pipe-lines de l’OTAN, quelques jours après la nôtre : « mêmes circonstances, même tactique ». Ce qui veut dire en clair : ETA est mise sur pied par les services secrets américains avec l’aide des commandos du « Christ-Roi ». On croit rêver !

Si PTB gardait pour lui sa propre dégénérescence politique, ce ne serait encore qu’un demi-mal. La situation devient tellement insupportable quand il nous prête ses propres positions et sa propre incompréhension des choses. on peut lire : « En faisant sauter des pipe-lines, les CCC "prouvent" qu’à défaut de mesures urgentes, l’ennemi peut, de l’intérieur paralyser l’OTAN C’est exactement ce que les fascistes du WNP, en volant des documents à l’OTAN, ont voulu prouver. »

Nous, nous ne savons pas ce que les fascistes du WNP voulaient prouver en volant des documents à l’OTAN Nous ne suivrons certainement pas Haquin-le-flic dans ses règlements de compte, et si le WNP entendait renforcer la protection des centres de l’OTAN, nous n’en avons rien à foutre, cela n’a pas le moindre intérêt.

Par contre, ce que nous, communistes, avons démontré par nos actions au Bierset, à Sint-Stevens-Woluwe et contre les pipe-lines, c’est que « quelques mesures urgentes » que prenne l’OTAN, elle ne pourra jamais empêcher les révolutionnaires de l’attaquer. L’OTAN et les centres de domination de la bourgeoisie seront de plus en plus obligés, dans l’avenir, de se protéger des attaques des révolutionnaires, c’est-à-dire que leur isolement sera de plus en plus grand.

Contrairement à PTB qui a une vision légaliste de kollaboration du politique, et une vision abstraite — mais militariste — de l’offensive, et les deux bien distinctes, nous avons une vision globale, historique et dialectique, de l’affrontement de classes et de la stratégie prolétarienne.

Dans la période actuelle, c’est-à-dire la période de crise économique mondiale et de préparatifs de la guerre impérialiste, l’heure est à l’offensive politico-militaire, car c’est indépendamment du subjectivisme déterministe ou des atermoiements de pleutres que s’imposent les tâches des marxistes-léninistes.

Nous disons aussi que tactiquement obliger l’ennemi à diviser ses forces est une bonne chose. Gol a déclaré qu’il ne pouvait mettre un gendarme tous les cent mètres sur les pipe-lines ( cela est la justesse du principe tactique de la guérilla ) ... C’est dommage, ça en ferait autant de moins dans nos villes, dans nos usines et dans les manifs, et quand les révolutionnaires décideraient de les faire sauter à nouveau ( les pipe-lines, pas encore les gendarmes ), ils récupéreraient en plus quelques uzi.

Une des tâches pour les camarades suite à nos attaques contre les pipe-lines est celle-ci : mettre en avant la vulnérabilité de l’ennemi, la force tactique de la guérilla, la rupture offensive et l’identité prolétarienne dans le combat de classe. Mais PTB estime sans doute qu’il ne faut gêner en rien les « boys » qui se battront contre l’ogre « soviétique » afin de préserver notre chère indépendance nationale, et laisser la gendarmerie s’occuper des « grévistes-terroristes » plutôt que l’envoyer bivouaquer dans les champs.

3)         Accrochons-nous, les Cellules Communistes Combattantes sont responsables de : « Discréditer le mouvement révolutionnaire, renforcer la gendarmerie et étendre l’arsenal des lois anti-démocratiques. »

Avant tout, il s’impose de répondre à une question qui, au-delà du slogan paranoïaque, n’a jamais eu l’air d’intéresser le « Parti du Travail » : Qu’est-ce que le « crédit » du mouvement révolutionnaire avec lequel il nous casse les oreilles ? Le crédit dont un mouvement révolutionnaire peut se réclamer, est celui qu’objectivement les masses lui reconnaissent en ce qu’il est capable d’en défendre les intérêts immédiats, et cela, dans la perspective historique de la révolution communiste. Dans les faits, cela veut dire s’inscrire politiquement puis organisationnellement à l’avant-garde de la lutte de classe pour la dictature du prolétariat.

Voilà les conditions objectives à travers lesquelles l’Organisation révolutionnaire peut prétendre au crédit dans le monde du travail, et l’on a perdu de vue PTB 

Ces conditions objectives ne sont pas un statut figé, mais un mouvement de lutte qui induit la radicalisation de l’antagonisme et, entre autres conséquences, le renforcement de l’appareil militaire de coercition bourgeoise ( la police, la gendarmerie et l’armée ) ainsi que l’abandon du consensus démocratique.

La question est alors : le renforcement de la gendarmerie et de l’armée, l’abandon du cirque démocratique, sont-ils gratuits ou correspondent-ils à l’anticipation et la réaction de la bourgeoisie face à l’explosion prochaine que produira inévitablement l’aggravation de la crise économique, la guerre, et le refus des travailleurs ?

La position des révolutionnaires peut-elle être autre que de comprendre cela, en faire la base de leur agitation, et s’y attaquer politiquement et militairement ?

Aussi, la première campagne des Cellules Communistes Combattantes, tout au contraire de discréditer la politique révolutionnaire, a rendu à cette politique, à cette lutte, et pour la première fois depuis que des PTB les trahissent, un peu de leur essence, de leur vie, de leur force, de leur futur, UN PEU DE LEUR CRÉDIT. Pour la première fois depuis bien longtemps, les travailleurs et les travailleuses estiment le combat communiste comme un espoir, une voie pour l’émancipation, plutôt que comme une trahison permanente. Voilà la vérité qui fait peur à PTB et aux bourgeois, voilà la vérité et la force que porte notre combat et qui germeront dans le prolétariat en une ample moisson !

4)         Ce quatrième point, que nous disions à prétention politique, traite de « PTB et du terrorisme ». Une réflexion d’une certaine importance est à faire quant à ce titre. Le terrorisme, pour un marxiste, recouvre soit l’ensemble des méthodes historiquement appropriées de domination bourgeoise, soit des mouvements historiques révolutionnaires comme « la terreur » durant la révolution française, soit une tactique ponctuelle de représailles aux exactions de l’ennemi, comme par exemple certaines actions du FLN pendant la bataille d’Alger, etc.

Le « terrorisme » est donc définissable historiquement et politiquement, et peut ainsi être parfaitement révolutionnaire et prolétarien dans des périodes particulières de la lutte des classes. Mais aujourd’hui, la bourgeoisie et ses petits amis ont connoté le « terrorisme » d’un jugement idéologique négatif, dont le seul but est de masquer que les véritables terroristes, à grande échelle et depuis des siècles, sont les exploiteurs des peuples, aujourd’hui les impérialistes.

Ici aussi, la question du « terrorisme » comme celle de « la violence et la dangerosité » ne peuvent s’aborder que d’un point de vue de classe, c’est-à-dire au service de quelle classe, dans la guerre contre quelle classe. Quand PTB place notre combat sous l’étiquette « terrorisme », il se trompe dans l’analyse de notre stratégie et de notre tactique, cela révèle les lacunes et les insuffisances de sa réflexion politique. Mais quand PTB place notre combat sous l’étiquette « terrorisme » dans le cadre de la guerre psychologique menée par les stratèges policiers, il montre sa parfaite collusion d’intérêt avec les ennemis du prolétariat.

« Ils ( les marxistes ) ne rejettent en principe aucune forme de lutte ... Les formes de lutte évoluent selon les circonstances historiques concrètes. » Voilà des propos fort corrects avec lesquels nous sommes entièrement d’accord. L’ennui est que pour les Cellules, l’application de ces principes mène à l’offensive, et pour PTB à la défensive.

Les Cellules Communistes Combattantes écoutent les enseignements du président Ho Chi Minh : « Il importe d’opposer la violence révolutionnaire à la violence contre-révolutionnaire pour la conquête et la sauvegarde du pouvoir. Il faut tenir compte de la situation concrète pour adopter des formes de lutte révolutionnaire adéquates, employer de façon judicieuse et combiner avec habileté la lutte armée et la lutte politique pour assurer le succès de la révolution. » 8

PTB, lui, s’égare : « La lutte légale et syndicale est la forme [ de lutte ] principale [ aujourd’hui et en Belgique ] » et à partir de là, la tâche des marxistes est qu’ils « généralisent, organisent et rendent conscientes les formes de lutte que les travailleurs développent spontanément. »

Que nous ont appris Marx et Engels ? Que le prolétariat, spontanément, ne peut développer que des luttes réformistes, « trade-unionistes », et que le rôle indispensable des communistes est justement de partir de l’expression de l’antagonisme et de ses limites « spontanées » pour l’organiser dans un saut qualitatif en processus d’organisation et d’offensive pour la dictature du prolétariat.

PTB, comme tout parti réformiste et d’intérêt petit-bourgeois, comme tout parti opportuniste, fonde sa stratégie sur les limites du spontanéisme et non sur les potentialités objectives de l’antagonisme, développe sa pratique non pas dans l’organisation qualitative des forces mais dans la gestion de leurs limites et de leurs insuffisances politiques.

Ce n’est pas le spontanéisme des masses — et encore moins sa dégénérescence après 40 ans de syndicalisme pourri — qui décide de quelle forme de lutte objective la classe prolétarienne doit se saisir dans cette période déterminée, mais l’analyse marxiste et sa vérification permanente dans la pratique. Elle seule peut évaluer la situation globale, c’est-à-dire à l’époque de l’impérialisme achevé lui restituer sa dimension internationaliste, en fonction des buts à atteindre et par là même imposer le choix révolutionnaire.

PTB, qui est à l’arrière-garde de la lutte spontanée, et qui pousse son pitoyable opportunisme au point de placer le spontanéisme à un rôle directeur, réduit l’importance historique du Parti Communiste à celui de centralisateur des luttes parcellaires, de technocrate de la planification, en quelque sorte de « gentil organisateur » du mécontentement social !

Plus loin encore on lit une confirmation de cette politique réformiste : « Pour les marxistes, une méthode d’action est la meilleure ... si elle permet de mobiliser un maximum la force des masses ... » Restons polis, on se croirait chez Spitaels, soyons inquiets, on se croirait chez Mussolini ! La lutte des communistes n’est pas de « mobiliser un maximum », elle est de mobiliser dans le cadre concret du pouvoir prolétarien, c’est-à-dire d’une stratégie révolutionnaire pour l’hégémonie de la classe laborieuse.

Nous ne sommes pas trop surprises de cette position de PTB, son soutien au coup d’État réactionnaire de Deng est l’illustration de l’ambiguïté politique de son populisme.

Le rôle du Parti Communiste est-il d’attendre que les masses s’arment spontanément ( en imaginant encore, dans une curieuse crédulité, que la bourgeoisie laisse faire en se tournant les pouces ) pour surgir de sa boîte, en réclamant, au nom de dieu sait quel droit ou quelle expérience, la direction de la lutte politico-militaire ... ou bien, de tout temps, faire vivre dans les luttes ces paroles si claires de Mao Tsé-toung : « le pouvoir est au bout du fusil » et « le Parti dirige le fusil » ?

La réponse de PTB à cette question est carrément dadaïste ! En entrée il déclare : « Étant donné que la bourgeoisie dispose de ses détachements armés pour maintenir les masses populaires sous sa domination, le prolétariat est obligé, pour se libérer, de préparer puis de mener à bien la lutte armée du peuple. » 9

Cela est fort bien pensé. Les Cellules Communistes Combattantes et PTB pourraient marcher main dans la main ? Non, car comme pour nous il ne s’agit pas de faire de belles déclarations de temps à autres, et surtout sans lendemain, notre accord s’arrêtera là. Pourquoi ? Mais parce que quand il s’agit de traduire cette vérité politique dans la pratique, PTB trahit :

« Le choix de servir la révolution se réalise par l’engagement dans le Parti ... Un parti qui soit en même temps capable de diriger cette lutte dans des conditions extrêmement difficiles et face à un ennemi puissamment armé et organisé. Ce parti doit donc être lui-même fortement organisé, centralisé, discipliné. » 10 ( Nous soulignons ).

Comme à l’école on nous a appris à faire une soustraction, nous voyons facilement que PTB laisse l’usage de la violence armée ( celle au bout de laquelle est le pouvoir ) à l’État bourgeois ... autrement dit qu’il n’entend pas remettre en cause objectivement ( c’est-à-dire autrement que comme support publicitaire à ses campagnes de financement et de recrutement ) la dictature des patrons et de leurs larbins militaires. Ah, si ! PTB a une revendication à ce niveau : « Dissolution de la gendarmerie ... » C’est une bonne idée, bravo !

Nous ne sommes pas sectaires et nous proposons à PTB d’organiser au plus vite un grand bal aux lampions de « la gauche », où les capitalistes, soudain éclairés par une si folle ambiance, viendront lui remettre les clefs du paradis. Nous nous excusons, si nous sommes invités, de ne pas pouvoir venir ... Car ce qui nous occupe est l’organisation communiste du combat de classe, que nous savons déjà concrètement que cela veut dire plus de police, plus de gendarmerie et plus de répression. Ceux qui veulent cacher ces évidences aussi quotidiennes sont les mêmes qui s’occupent de désamorcer la force prolétaire et trahir l’avenir du monde du travail. Ce sont les portiers des stades et les croque-morts des camarades.

Nous n’avons pas encore quitté ce quatrième point, et PTB va maintenant nous donner une leçon d’histoire ; toute la question de la rupture avec le révisionnisme qui a marqué le mouvement révolutionnaire à partir des années 1970 ( en Allemagne fédérale avec la Fraction Armée Rouge et en Italie avec les Brigades Rouges ) est ramenée dans l’optique PTBorgne à « une capitulation devant le travail difficile d’organisation et de conscientisation parmi les masses populaires. Ils voulaient "exciter" les travailleurs en mettant à nu le véritable visage répressif de la bourgeoisie. »

PTB conçoit le travail d’organisation et de conscientisation des travailleurs de la même façon que les témoins de Jéhovah évangélisent leur immeuble. PTB ne connaît pas les Organisations RAF et BR, leurs histoires et leurs lignes politiques. Il ne peut qu’ânonner les inepties que la bourgeoisie répand sur leurs comptes à son intention. C’est désespérant !

Nous avons une analyse de chacune de ces Organisations, et nous nous permettons d’être solidairement critiques quant à leurs histoires. Cela est un autre problème. Pour démontrer l’ineptie des assertions de PTB, nous citerons la tâche principale de la résolution stratégique no 19 des Brigades Rouges 11 : « Consolider les formes d’organisation réelles et de masse nées de la lutte prolétarienne en opposition à l’orientation bureaucratique et conciliatrice du syndicat. Étendre la mobilisation de masses et d’avant-gardes pour lutter contre le "décret-escroquerie" 12 et la politique économique du gouvernement Craxi. Ce sont là les tâches politiques que les avant-gardes de la classe doivent se fixer. Voilà la perspective concrète pour le mouvement ouvrier italien. »

Les quinze années de lutte des Brigades Rouges, le combat du PCE( r ) et des GRAPO que nous considérons comme les organisations ML dont les directives politiques et le combat sont exemplaires pour le mouvement ouvrier, sont inconnus du « bureau politique du. PTB », si ce n’est à travers les enquêtes du « Soir Illustré » ou les saloperies de Claire Sterling, conseillère à la Commission sénatoriale US sur la contre-insurrection ... dont les livres côtoient ceux du général Close, toujours au « Livre Rouge » ...

Le parallèle est complet entre l’ignorance qu’a PTB des quinze années de lutte révolutionnaire menées par les Brigades Rouges en Italie — et qui leur confèrent, dans les faits et l’orientation politique le rôle objectif d’avant-garde prolétarienne —, et l’aveuglement haineux dont il fait preuve à l’égard du combat et de la politique des Cellules.

La « résolution » du « Bureau politique du PTB » clôture sa totale inconsistance en pastichant Lola l’autruche : alors que notre campagne fut un grand succès militant et politique, elle condamne solennellement toutes les organisations de guérilla en Europe : « Aujourd’hui leur échec est éclatant ! » et se rentre la tête dans un sac.

Et c’est tout. Les militants de PTB n’en auront pas plus pour faire de beaux rêves, et comme pour beaucoup cela n’a pas l’air de suffire malgré que le « Bureau Politique » ait donné son « max », on redescend dans la jungle des romans-feuilletons.

Le 23 janvier 1985 ( les Cellules viennent d’attaquer le SHAPE ), Solidaire publie un article sur « La sécurité des citoyens » dans le style démocrate bien-pensant. Rien de neuf sous le soleil, si ce n’est le titre racoleur : « les CCC incitent la police et la gendarmerie à tirer plus vite ». Et dans l’article : « L’affirmation des CCC selon laquelle ils ne respecteront plus la vie humaine des forces de l’ordre est une invitation pour celles-ci à tirer sur tout ce qui bouge. »

Nous voilà donc, par les bons soins de PTB, rendues coupables des « futures bavures policières » ... Nous devons quand même pousser un « ouf » de soulagement, car la condamnation n’a pas d’effet rétroactif, sans quoi nous serions méchamment chargées ! Mais nous pensons surtout que l’ensemble des corps de police doit être résolument optimiste de savoir que le Parti du Travail le décharge de toute responsabilité quant à ses fusillades intempestives et autres crimes réguliers : nous l’avons bien cherché !

Nous conseillons aux militants de PTB de lire le communiqué de notre action contre le SHAPE, et particulièrement ce que nous disons à propos de l’exécution des agents ennemis. Notre propos est assez différent du compte-rendu qu’en fait Solidaire.

Mais laissons Lénine condamner sans appel l’ignominie pacifiste de PTB : « L’armement de la bourgeoisie contre le prolétariat est l’un des faits les plus importants, les plus fondamentaux, les plus essentiels de la société capitaliste moderne. Et l’on vient, cela étant, proposer aux social-démocrates révolutionnaires de "revendiquer" le "désarmement" ! Ce serait là renier totalement le point de vue de la lutte des classes et renoncer à toute idée de révolution. Notre mot d’ordre doit être : l’armement du prolétariat pour qu’il puisse vaincre, exproprier et désarmer la bourgeoisie. C’est la seule tactique possible pour une classe révolutionnaire, une tactique qui résulte de toute l’évolution objective du militarisme capitaliste et qui est prescrite par cette évolution. C’est seulement après que le prolétariat aura désarmé la bourgeoisie qu’il pourra, sans trahir sa mission historique universelle, jeter à la ferraille toutes les armes en général, et il ne manquera pas de le faire, mais alors seulement, et en aucun cas avant. » 13

Il est évidemment plus simple de revendiquer l’expropriation des banques et des holdings en lettres rouges sur du papier jaune, ou vice-versa, que d’être léniniste dans la stratégie, et communiste conséquent dans la pratique !

Si PTB estime mener la lutte révolutionnaire avec les mains vides et la bienveillance de la bourgeoisie, comme nous le soulignions au début de cette lettre, libre à lui, et libre à nous d’en démontrer l’ineptie et le fondement politique : PTB ne pose pas la question de l’organisation des travailleurs dans le but de la révolution prolétarienne, mais tente de se creuser une place au soleil du parlementarisme. Mais, si de plus, PTB entend désarmer le prolétariat et cautionner l’assassinat des révolutionnaires, gare à lui, car le jugement de l’Histoire est sans appel.

Dans ce même numéro encore, Simons-qui-est-revenu se réjouit de ce que ses malodorantes sornettes aient pu servir de support à une interpellation parlementaire destinée à Gol. Si nous pensions que les services de police étaient aussi crétins et aussi nuls que Simons et Deleuze, nous trouverions un léger intérêt pratique à cette interpellation. Nous pourrions espérer que les fins limiers de la police judiciaire et de la sûreté de l’État perdent leur temps à fouiner dans les casernes ou leurs propres services.

Mais ce n’est pas le cas. Les forces de répression ne vivent pas dans les nuages, elles sont au service de la domination de la bourgeoisie, c’est-à-dire d’une dictature bien concrète, et mènent leurs investigations dans le cadre de la guerre des classes pour obtenir des résultats tangibles pour leur employeur. C’est pourquoi, mis à part le grotesque, l’intervention de Deleuze ne sert objectivement, une fois de plus, que les intérêts réunis de GoI et de PTB : tenter de diffamer le combat révolutionnaire aux yeux des masses.

Nous trouvons qu’à cette occasion, c’est avec la courtoisie du bâton face à l’âne que GoI a demandé à Deleuze « s’il voulait un prix littéraire pour son roman ». Nous pensons ensuite que ce même Gol fut bien grossier et ingrat en ne remerciant pas, au nom de Martens 5, PTB pour son excellent travail de décervelage de l’opinion publique.

Au lendemain ( s’il faut en croire Solidaire ) de notre action contre le SHAPE, des militants sont allés spontanément chauler des slogans en solidarité avec les Cellules sur les murs de la capitale. Nous pensons que ces militants sont fort courageux, nous leur adressons notre fraternel salut communiste, et ne pouvons leur conseiller que d’être prudents et vigilants dans ce travail d’agitation, car il n’est certainement pas du goût des flics.

Ce geste spontané de solidarité qui révèle l’écho mobilisateur de notre lutte devient au rayon mégalo-paranoïaque de Solidaire : « Nouvel attentat des CCC tentative pour impliquer le PTB »

Mais que PTB se rassure, et tâche d’être moins bête ! Si un jour, il y a la moindre malchance que nous soyons confondus, nous nous engageons à faire tout ce qui est en notre possible pour clarifier pareille infection ! Notre combat est une clarification permanente de ce qui sépare les communistes révolutionnaires de la petite bourgeoisie réformiste, personne ne voit l’intérêt que les Cellules Communistes Combattantes auraient à édulcorer cette clarification, ce serait lutter contre nos objectifs mêmes, ce serait trahir la confiance que nous avons gagnée auprès des travailleurs par notre première campagne !

Nous ne pouvons quand même pas conseiller aux militants, auteurs de ces chaulages, d’aller les peindre, à l’avenir,sur les nuages pour que PTB puisse s’imaginer que la rue lui appartient ... C’est assez triste de devoir perdre son temps à dire des choses comme cela, mais c’est le lot hebdomadaire auquel nous a habitués le Parti du Travail.

Bis repetita le 30 janvier : « Les attentats des CCC sont manifestement une mise en scène qui doit servir également dans une offensive contre le communisme dans le but de monter l’opinion publique contre les idées révolutionnaires telles que celles propagées par le PTB » Nous avons déjà répondu à ces salades, et il semble que beaucoup de militants de PTB les trouvent aussi indigestes que nous. La direction de PTB entendait-elle lancer la campagne : « Réunifier le Parti dans le délire de persécution collectif ? »

Nous allons nous arrêter au numéro 6 du 13 février. Nous avons notre dose de Solidaire pour au moins 10 ans. C’est un numéro digne de clôturer cette lettre, car il est d’une qualité toute particulière ! « Action directe liée à l’extrême droite, Gol se mord les doigts. » L’attention la plus soutenue est indubitablement nécessaire pour qui veut suivre les miasmes de la plume de Simons, et voici de quoi il s’agit.

1er acte. Gol, depuis le mois d’octobre, prétend que les Cellules Communistes Combattantes sont une « branche » d’Action Directe, ce qui dénote une certaine déficience intellectuelle. Nous nous sommes, dès notre action contre Honeywell, expliqués brièvement à ce sujet, et dans notre document sur l’Internationalisme nous développons notre position vis-à-vis des groupes menant la lutte armée en Europe, ainsi que l’analyse que nous avons de la tentative policière de nous identifier à la RAF ou à AD.

Simons, pas plus malin que Gol, pour qui l’analyse politique du combat d’Action Directe est une tâche insurmontable — ou qu’il estime sans doute superfétatoire —cataloguait ce groupe à l’extrême gauche, et était, du coup, bien embêté de cette filiation déclarée dans les médias.

En effet, celle-ci était le grain de sable dans sa combine, soit les Cellules Communistes Combattantes étaient une construction d’AD, soit une construction de la CIA. Comme PTB avait eu la révélation CIA, pour le repos de ses neurones, Simons en était arrivé à oublier l’existence d’Action Directe ... Rideau !

2e acte. « De plus en plus d’éléments ( encore ! c’est une obsession ! ) indiquent qu’Action Directe est manipulée par les services de police et des éléments d’extrême droite. Version services secrets de l’arroseur arrosé. » Et toc ! D’une pierre deux coups ! Simons triomphe sur toute la ligne et s’offre, une fois n’est pas coutume, un brin d’humour.

Et pourquoi Action Directe, dont les positions politiques n’ont guère changé depuis 81, passe-t-elle de l’extrême gauche à l’extrême droite dans le hit-parade de Simons ? Parce qu’un flic véreux et la Libre Belgique ont apporté la bonne parole à ce modèle de marxiste, et qu’avec un audacieux coup de pouce plein d’imagination, il a enfin trouvé une solution à sa roue carrée.

Le flic véreux : Paul Barril, ex-gendarme du GIGN, compromis entre autres trafics d’armes et hold-up pour l’extrême droite, dans l’affaire dite « des Irlandais de Vincennes » ... que Simons décrit lui-même comme « ayant trempé dans diverses provocations policières », déclarerait dans son livre Missions très spéciales ( et non pas Missions secrètes comme WS qui a lu trop de James Bond et pas le bouquin de Barril le re-titre ) la phrase imbattable : « on ne savait plus qui manipulait qui ».

Que dans l’article de Solidaire, Barril soit reconnu être un provocateur de longue date et de grande expérience, ne le dispense pas d’être le prophète 10 lignes plus bas. Soit. Rideau !

3e acte. Nous avons mieux compris comment un provocateur policier était à sa place dans Solidaire, en constatant qu’il figurait dans l’article d’un provocateur journaliste ! La phrase citée par Simons est introuvable dans le bouquin de Barril ! Oh, nous ne disons pas que si Solidaire l’interviewe, il ne déclarera pas avoir déjeuné la veille avec la « bande des quatre » qui dirige le terrorisme international, mais la phrase magique par laquelle AD s’est retrouvée infiltrée par tout le quai des Orfèvres est issue de la tête d’une crapule de journaliste véreux : Walter Simons. Rideau, ça pue !

4e acte. Le deuxième élément béni. Simons raconte : « Le 27 mai 1984, la police française arrête Christian G. et Antonio R., deux sympathisants d’Action Directe … Le lendemain, les policiers arrêtent Marc T., ils découvrent en même temps une seconde cache renfermant des documents, des livres et des cocktails Molotov ... Petit détail qui a son importance, Marc T. est un ex-militant d’extrême droite connu ( La Libre Belgique, 21.1.85 ) ... Connaissant la tactique d’infiltration des groupes d’extrême droite, le qualificatif - ex - pourrait bien être superflu. »

Roulez machine, tout cela est réglé comme papier à musique : Marc T. est un fasciste notoire qui via des « sympathisants » manipule Action Directe, laquelle à son tour construit les Cellules Communistes Combattantes, donc l’affaire est dans le sac : les Cellules sont au bas mot orchestrées par l’Opus Dei ! Et voilà, madame, pourquoi votre fille est muette. Rideau !

5e acte. La lecture de l’ensemble des journaux français relatant le procès de Marc T. nous apporte quelques informations qui, s’il en était encore besoin, illustrent l’équilibre mental et intellectuel de Walter Simons. Nous avions déjà toutes certitudes quant à son identité politique et ses méthodes d’apprenti-Gœbbels, maintenant c’est chose faite en ce qui concerne sa débilité pathologique.

Prenons par exemple Libération des 19 et 20 janvier, on peut y lire ce que tout le monde militant sait à Paris : « Marc T., qui a rompu avec le PCI » 

Que Simons ait un mépris complet des gens, considère leur honneur de communiste comme de la merde, et les injurie odieusement de « fascistes » pour étayer ses hallucinations n’est pas nouveau et trouve sa continuité dans le mépris qu’a PTB pour les lecteurs de Solidaire.

Marc T., ce « fasciste notoire » en pleine action, est donc en réalité un ex-militant du Parti Communiste Internationaliste ... dont le garage ( la seconde cache ) recelait un stock de livres puant la peste brune : Terrorisme et Communisme, d’un certain Léon Trotsky, à l’époque dirigeant du Parti Bolchévik et chef de l’Armée Rouge ! Il est vrai que 20 ans plus tard, ce même Trotsky était déclaré fasciste notoire par l’appareil stalinien, et qu’il s’agit peut-être d’un atavisme pervers de Marc T., mais nous en doutons.

Et Antonio R. et Christian G. ? Deux militants n’ayant rien à voir avec Action Directe, mais plutôt révoltés autonomes qui, à leur procès, se sont totalement démarqués de la lutte armée ... Rideau ! Et remboursez !

Epilogue. La baudruche est aussi dégonflée, l’arnaque est aussi pestilentielle que Simons est un misérable. À l’école de Paris Match, Solidaire a du apprendre que le choc des photos avait le poids des mots, et c’est pourquoi il présentera une nouvelle photo d’un chaulage de solidarité comme « élément » confortant ses élucubrations injurieuses ? ? ?

Et voilà quatre mois de lutte révolutionnaire des Cellules Communistes Combattantes, et voilà quatre mois de haine, d’abjection, d’injures et surtout de peur de PTB via Solidaire. Ce n’est pas avec déplaisir que nous allons terminer cette lettre, parce qu’à force de patauger dans la fange hebdomadaire de Solidaire, l’envie vous prend d’aller la faire bouffer à ses auteurs ... et que nous pensons qu’aujourd’hui nous avons d’autres tâches plus constructives, et des ennemis plus consistants contre qui porter l’offensive.

Cette lettre n’a aucune autre valeur que celle de briser pour l’avenir les campagnes que les GIA, PTB et autres officines ne manqueront pas d’élaborer dans l’espoir de casser le mouvement ouvrier et notre politique révolutionnaire. Nous disions en commençant cette lettre que ce sont parfois les énormités les plus outrancières qui de ce caractère gagnaient la crédibilité des dogmes. Nous venons de démontrer qu’à ce petit jeu PTB est le roi. L’Histoire des révolutions passe souvent par la décapitation des rois.

Notre lutte politique oblige les organisations révisionnistes et réformistes à se démasquer. Incapables de nous contrer politiquement, elles espèrent sauver leurs meubles branlants par la diffamation systématique dans l’attente enragée de l’arrestation ou de l’assassinat de nos militants. Cela ne serait même pas leur salut, les flics peuvent mettre les révolutionnaires en taule, les torturer et les assassiner, mais ils ne peuvent jamais tuer la révolution et la mémoire des communistes.

Militants de base du Parti du Travail ou d’autre organisation, la brochure « La crise du mouvement révolutionnaire en Europe » se termine par ces mots : « Chaque militant communiste doit se poser la question s’il saurait réagir correctement au cas où des fautes sérieuses se produiraient dans le travail de direction du parti. » Pour vous, c’est aujourd’hui ou jamais que ces mots ont un sens, il y va de votre vie, de votre militantisme, de la cause du prolétariat.

Le 27 mars 1985

Notes

1     « Parti et front », Ludo Martens et Kris Merckx – PTB, p. 5.

2     Solidaire n° 39, 17octobre 1984.

3     « Documents du congrès — Programme », PTB 1979, pp. 34 et 85.

4     Lénine : « Qu’est-ce que le social-chauvinisme ? »

5     Trotsky : « Staline » in 10/18, tome 1, p. 340.

6     « La crise du mouvement révolutionnaire en Europe », Ludo Martens – PTB, p. 11.

7     « Documents du congrès », op. cit. point 81.

8     Chi Minh, « La Grande Révolution Russe d’Octobre 17 a ouvert la voie de la libération des peuples ».

9     « Documents du congrès », op. cit. point 59.

10  « La morale révolutionnaire », Ludo Martens, Juliette Pierre, Joris Pauwels – PTB, p. 64.

11  Brigades Rouges, « Résolution stratégique n°19 : Les luttes de la classe ouvrière et la situation politique générale italienne » in Ligne Rouge n°7, mai 1984.

12  Le « décret escroquerie » est l’accord gouvernement-syndicats sur l’échelle mobile des salaires.

13  Lénine : « Le programme militaire de la Révolution Prolétarienne ».

( Les principales sources d’informations de PTB sont, par ordre décroissant : « La Dernière Heure », « Pourquoi Pas ? », « La Libre Belgique », « Gazet van Antwerpen », « Het Belang van Limburg », etc. ).