Collectif des prisonnièr(e)s des
Cellules Communistes Combattantes
Lettre ouverte aux prisonnièr(e)s de Forest et
St-Gilles, Septembre 1988
Vous avez certainement
appris par Radio 2 Octobre ( le
dimanche à 16 h 30 sur 107,6 MHz ), par les médias ou par la voie
du parloir ou du préau, que nous avions repris la seule arme possible pour nous
aujourd'hui, la grève de la faim.
Avant de vous expliquer
la portée et les implications de notre action, nous voudrions encore vous
remercier pour la solidarité dont vous faites régulièrement preuve envers nous.
Tout cela est très précieux et positif mais le serait bien plus si une compréhension
et des échanges politiques le complétaient et le valorisaient. C'est en quelque
sorte la raison de cette lettre et de ce préliminaire. Avant d'entamer des explications
qui ne pourront qu'être sommaires, nous tenons à vous
rappeler que nos textes ainsi que ceux de notre organisation, les Cellules
Communistes Combattantes, sont disponibles à Radio 2 Octobre et que vous
avez les moyens de correspondre, lire, étudier, discuter.
Avant tout, nous
voudrions souligner que nous ne revendiquons pas un quelconque confort ou
mieux-être carcéral ( sans
pour autant nous désolidariser des luttes bien légitimes qui se mènent à ce
niveau-là ). Nous voulons
simplement avoir la possibilité d'effectuer un travail politique convenable,
sérieux, utile et dynamique. Il va sans dire que nos idées et nos buts n'ont
pas changé parce que nous sommes en prison, malgré les tentatives en tous
genres des autorités pour nous faire abandonner nos positions. La seule chose
qui s'est modifiée pour nous, c'est que notre contribution au mouvement
révolutionnaire ne peut plus être que théorique et politique.
Comme c'est la politique
qui dirige l'action, ce travail est fondamental. C'est pour cela qu'il est de
trop pour les bourgeois et leurs valets toutes catégories. Ils ont une telle
frousse de la pensée et de l'expression révolutionnaires qu'il leur faut à la
fois isoler les militants prisonniers, orchestrer des campagnes de presse
calomnieuses contre notre organisation, harceler nos sympathisants, nos
partisans et nos proches, fabriquer les amalgames les plus ineptes, monter un
procès à grand spectacle, etc. Tout ceci afin de transmettre à l'ensemble
du corps social leur propre trouille ! Cet acharnement, et notamment le régime de détention
qui vise à nous priver de tout contact politique et social suivi ( même par correspondance ), n'a rien à voir avec
un quelconque souci sécuritaire ( par exemple: risque d'évasion ). Et il démontre plusieurs
choses très importantes.
Que la Justice n'est
qu'une fonction du pouvoir bourgeois, c'est une évidence pour vous tous, elle
qui condamne le chômeur qui braque une banque mais honore les requins de la
haute finance qui jettent sur le pavé des travailleurs par centaines ... Les exemples ne
manquent pas. Et lorsqu'elle a affaire non plus à des gens qui perturbent le
bon fonctionnement du système mais à des militants qui l'attaquent de front
avec la ferme intention de le liquider et d'en construire un autre plus juste,
il ne lui suffit plus de juger et de condamner, il lui faut encore isoler,
diffamer, détruire, dénigrer, harceler ...
Que le droit ( démocratique, droits de
l'homme ) n'est que la
normalisation et la réglementation de la société de l'exploitation, de
l'oppression et de la guerre, c'est aussi une évidence pour vous tous. Bien
sûr, n'importe qui peut être politicien, patron ou banquier ... encore faut-il en
avoir réellement les moyens. Pour la majorité des gens, le seul « choix » possible, c'est de
vendre leur force de travail aux bourgeois qui en recueillent le fruit. Là
encore, les exemples ne manquent guère. En ce qui nous concerne, c'est flagrant : les prétendues libertés
démocratiques ne sont qu'un leurre, la bourgeoisie ne respecte son propre consensus
que quand cela l'arrange ...
Que cette question
dépasse le cas banal de quatre individus, c'est encore une évidence pour vous
tous. Nous ne sommes pas poursuivis comme des délinquants pour les choix
illégaux que nous avons faits, mais bien pour tout ce que nous pouvons représenter,
c'est-à-dire la lutte révolutionnaire, la volonté de se battre pour un monde
nouveau où serait bannie l'exploitation de l'homme par l'homme, où les intérêts
des gens ne seraient plus contradictoires mais convergents, un monde sans État,
sans classes sociales et …
sans prison. Nos luttes, à si petite échelle soient-elles, regardent tous les
exploités et les opprimés. Parce que ce que les bourgeois dirigent contre nous
aujourd'hui le sera demain contre tous ceux qui relèveront le front. Parce qu'à
travers nous, c'est l'idée même de Révolution qu'ils veulent attaquer et
détruire.
Que les choix politiques
de notre organisation, les Cellules Communistes Combattantes, sont d'une grande
justesse n'est peut-être pas une évidence pour vous tous. Mais l'acharnement
des bourgeois contre nous, contre notre organisation et contre la sympathie
qu'elle recueille devrait déjà vous mettre la puce à l'oreille. Nous vivons
dans une période de profondes tensions sociales et de crise intense pour le capitalisme.
L'Histoire a prouvé que de telles époques ne pouvaient déboucher que sur des
guerres impérialistes ou des Révolutions.
Les ouvriers ont bien
compris qu'il était inutile d'essayer d'aménager le système et qu'il fallait le
liquider pour en construire un autre, le Socialisme. Et de plus en plus de gens
deviennent leurs alliés. Ce sont les travailleurs jetés au chômage par des
bourgeois assoiffés de profit. Ce sont les travailleurs qui ne gardent leur
emploi qu'au prix d'horaires de plus en plus durs et de salaires de plus en
plus maigres. Ce sont ceux et celles qui ont à subir le racisme et le sexisme.
Ce sont ceux qui ne peuvent plus supporter les holocaustes par la faim et les
régimes criminels comme le sionisme et l'apartheid. Ce sont enfin tous les gens
qui comprennent que le capitalisme n'offre plus rien à la société, à eux-mêmes
et à leurs enfants qu'un avenir de guerre, de misère et d'aliénation et qui,
ainsi, se rendent compte que seule une lutte révolutionnaire pourra conquérir
un avenir d'égalité, de fraternité et de prospérité pour tous. Les bourgeois
savent très bien, même s'ils ne le reconnaissent pas ouvertement, que de telles
conditions sont propices au développement d'un fort mouvement anticapitaliste,
même si celui-ci rencontre d'énormes difficultés. Et leur comportement envers
nous en est une preuve.
Notre première grève de
la faim en 1986 nous avait amené une demi-victoire dont les effets ont quasi
tous disparu aujourd'hui. Si le ministère a repris peu à peu ce qu'il avait dû
nous céder, c'est parce que les bourgeois ont l'habitude de procéder ainsi mais
surtout parce que le procès approche. Ce que nous avions gagné nous aurait
permis de le préparer et d'y participer collectivement et de manière combative.
Encore une chose qui est de trop pour les bourgeois ! Car nous n'avons pas
l'intention d'aller au procès pour mendier quoi que ce soit ou pour nous taire.
Nous irons au procès pour servir la cause révolutionnaire. Nous irons au procès
pour affirmer que la bande de fonctionnaires grassement payés pour servir les
intérêts capitalistes n'a aucun droit de nous juger. Nous irons au procès pour
faire celui d'un système et d'un régime basés sur l'exploitation, l'oppression
et la guerre. Nous irons au procès pour faire échec à la bourgeoisie qui
proclame mort-née toute idée de changement social fondamental, tout espoir de
Révolution. Nous irons au procès pour exposer et démontrer la justesse de la
pratique politico-militaire de notre organisation. les Cellules Communistes Combattantes.
Rien d'étonnant à ce que
les bourgeois et leurs serviteurs s'agitent de cette manière!
Cette fois, nous faisons
une grève de la faim échelonnée. C'est-à-dire que le camarade Didier Chevolet
commence le 2 septembre, que la camarade Pascale Vandegeerde le suit le 9,
que le camarade Pierre Carette débute le 16 et que le camarade Bertrand
Sassoye le suit le 23. Et nous précisons que si nous avons opté pour un
tel déroulement bien précis, ce n'est pas par édulcoration ou suppression de
notre unité, de notre engagement collectif dans la lutte ( ou toute autre interprétation
bidon ), mais bien justement
parce que nous savons que cette bataille ( entre autres à cause du procès ) sera particulièrement
dure et que nous devons y maîtriser parfaitement nos forces: la bourgeoisie ne
cédera que si on la prend à la gorge.
Nous exigeons le
regroupement et la fin des mesures d'isolement pour les prisonniers
communistes. C'est-à-dire la possibilité de nous rencontrer, de recevoir et
échanger des documents, d'échanger de la correspondance et de recevoir des
visites hors famille. Pour pouvoir continuer à travailler pour la Révolution.
Pour pouvoir préparer collectivement le procès et y assurer une présence
intègre et combative.
Vive les Cellules Communistes Combattantes !
Le combat ne s'arrête jamais!
Vive le Socialisme !
Didier Chevolet, Pierre
Carette, Bertrand Sassoye et Pascale Vandegeerde, militants et militante des
Cellules Communistes Combattantes.